Marre de voir le poste de responsable vous passer sous le nez ? Pourtant le choix vous l’avez. Être éternellement le numéro 2 et laisser un autre vous voler vos projets, ou bien porter vos couilles à deux mains et devenir le numéro 1. La vie famille c’est important mais de toute façon ça ne mène à rien professionnellement parlant. Mais jusqu’où iriez-vous pour vous faire augmenter ? Moi on m’a déjà demandé de virer un SDF d’un salon de thé, de nettoyer la merde des caniveaux, et même d’achever une hirondelle à coup de marteau. C’est véridique, et le pire c’est que même après m’être cassé le cul, je n’ai pas été promu. Christine Brown elle, est responsable des crédit bancaires dans une banque de L.A.. Non seulement elle est mignonne mais en plus elle est compétente, soit deux arguments de poids dans le domaine de la finance. En revanche son patron lui reproche de manquer de fermeté avec les mauvais payeurs, et comme cette dernière dispute la place de directrice adjoint à son rival de travail, elle va défendre les intérêts de sa société avec un arrivisme contraint et forcé. Madame Ganush espérait de son côté que ses jérémiades suffiraient à attendrir la banquière pour obtenir un délai supplémentaire sur son hypothèque malgré sa situation précaire. Mais face au peu d’empathie dont fait preuve cette dernière, la vieille tzigane se sent offusquée et elle compte bien lui balancer un mauvais sort dont elle aura bien du mal à se défaire.
Depuis Evil Dead, Sam Raimi en a fait du chemin, il est devenu un vénérable golden boy hollywoodien grâce au succès de la trilogie Spider-Man. Comme d’autres grands noms du cinéma, il s’est essayé à plusieurs genres avec plus ou moins de réussite critique, la comédie grinçante type polar dans la plus pure tradition des frères Coen qu’il avait d’ailleurs côtoyé à ses débuts de cinéastes, le western, le thriller et même le film de sport ronronnant avec Kevin Costner. On aurait pu craindre après l’échec de Spider Man 3 que le réalisateur s’enterre dans un style commercial sans saveur, d’autant qu’il s’éloignait depuis longtemps déjà de l’horreur. Avec Jusqu’en enfer, il signe un retour aux sources fracassant, un film qui aurait d’ailleurs tout à fait sa place dans la saga des Evil Dead. Le sale gosse qui foutait le foutoir dans la cabane n’est pas mort, il a vieillit certes d’où le recours à des effets spéciaux numériques à l'appréciation parfois douteuse, mais l’esprit qui animait les démons de Kandar est bien là, les giclées de fluides corporelles également, et la souffrance de l’interprète aussi dans un récit en lien avec les préoccupations du moment, celle que nous avons tous à l’esprit : l’argent. Sans doute l’entité la plus menaçante puisqu’elle permet de contrecarrer une terrible malédiction quant le pardon et le sacrifice de chaton ne suffisent pas à apaiser la colère d’un esprit malveillant.
A défaut d’une suite aux aventures de Ashley, Sam Raimi s’offre donc un jubilé et nous concocte pour l’occasion un nouveau tour de train fantôme à l’humour caustique. La mise en scène est aérienne, survoltés par des cadrages et des mouvements de caméras plein d’inventivité, même si le résultat est un peu moins hystérique que par le passé, peut-être parce que l’auteur s’est embourgeoisé. Devoir supporter des conditions épouvantables de tournage, dormir dans des sacs de couchages à même le sol avec le cul qui gratte et les bonbons qui collent au sachet, c’est bien quant on a encore 20 ans mais plus lorsque l’on devient un producteur influent. Pour autant, le sadisme dont l’auteur fait preuve reste exemplaire, selon les souhaits de la parité homme-femme, Alison Lohman ne sera pas forcément moins ménagé que Bruce Campbell dans ses déboires avec cette sorcière édentée, certaines séquences sont presque plus écoeurantes qu’autrefois à défaut d’être aussi marquante. En définitive, la promotion tant convoité lui en coutera son épargne, sa dignité ainsi que son âme, la même que Sam aura vendu aux exécutifs pour faire du 7ème art son gagne-pain. Jusqu’en enfer sort de l’horreur balisé du moment et a tout du conte amoral et outrancier qui pointe l’avilissement de notre société du doigt en ricanant. La Vengeance est un plat de gitan qui se mange avec tes morts !
Tu veux ta dose de frissons et d’adrénaline pour Halloween ? Rends-toi sur l’Écran Barge où tu trouveras des critiques de films réellement horrifiques, situés à mi-chemin entre le fantasme et le cauchemar.