L'équipe de « Pretty Woman » se reforme pour nous assommer avec un immense téléfilm en Scope.

Seul le format Scope de « Just Married enfin presque » nous rappelle que nous sommes dans une salle de cinéma. Tout le reste renvoie aux pires produits télévisés.
Ike Graham (Richard Gere) travaille comme chroniqueur dans un grand journal new-yorkais dirigé par son ex-femme. En manque total d'inspiration, il écoute, dans un bar, un quidam lui raconter l'histoire d'une jeune fille qui s'est enfuie à sept ou huit reprises de son mariage. Il pond un article qui arrive jusque dans les mains de la demoiselle concernée. Maggie (Julia Roberts), puisque c'est son nom, envoie immédiatement une lettre de protestation à la rédaction du journal. Ike est convoqué et, comme il n'arrive pas à prouver sa source, il est renvoyé. Pour en avoir le cœur net, il se rend dans la petite ville où habite Maggie et commence une enquête. Il apprend de ses amis et parents qu'elle a fui à trois reprises son mariage et qu'elle s'apprête à convoler une quatrième fois dans quelques jours. Bien sûr, elle le déteste, car il fouille impunément dans sa vie privée. Mais petit à petit, magie du cinéma oblige, ils tissent une relation amicale, faite de soutien et de complicité.
Cette comédie romantique hollywoodienne est d'un ennui mortel. On ne s'amuse que très peu, car le film est loin d'être le « Pretty Woman 2 » annoncé. Tout est basé sur l'éternel canevas de deux êtres que tout oppose, mais que l'amour rapproche inexorablement. Tout est cliché : Ike représente le prince charmant, vu son statut de star journalistique et Maggie la bergère quant à sa condition de quincaillière. Bien sûr, il y a aussi toute une galerie de personnages secondaires classiques qui vont de la meilleure amie au futur ex-mari en passant par la mère et le père de la mariée. Le réalisateur Garry Marshall fait de ce dernier un alcoolique uniquement pour donner à son film un côté social. Ce qui nous donne une scène des plus ridicules (et il y en a tout au long des deux heures de projection) où Maggie, excédée par les remarques ironiques de son père concernant ses mariages ratés, lui envoie en pleine face qu'elle n'est pas très fière de supporter son alcoolisme. C'est ridicule car rien ne justifie vraiment qu'elle le lui reproche au moment même où elle commence à tomber amoureuse de Ike. Franchement, comme si elle avait dû attendre ce bellâtre grisonnant pour régler ses comptes avec sa famille ?
Le rythme est poussif. Les scènes ne s'enchaînent pas les unes aux autres car certaines sont entièrement inutiles comme celle où Ike retourne à New-York pour dîner avec son ex et son mari. Les séquences sensées faire pleurer dans les chaumières (intenses moments de réflexion de Maggie, ses disputes avec les siens, etc.) son accompagnées d'un piano si lancinant qu'on se demande si la piste son n'est pas au ralenti. Et celles montrant une certaine gaieté sont traitées comme des vidéo-clips dégoulinant de bon sentiments et soutenues par des tubes tout juste bons pour accompagner les fêtes de fin d'année dans les grandes surfaces commerciales.
Finalement, la sitcom refait son apparition sur le générique de fin qui reprend sans complexe les images que l'on a vues durant tout le film, mettant un terme à cet énorme téléfilm bénéficiant injustement des conditions cinématographiques.
RemyD
4
Écrit par

Créée

le 23 oct. 2010

Critique lue 1K fois

5 j'aime

RemyD

Écrit par

Critique lue 1K fois

5

D'autres avis sur Just Married (ou presque)

Just Married (ou presque)
pierrick_D_
2

Critique de Just Married (ou presque) par pierrick_D_

Ike Graham,éditorialiste new-yorkais en manque d'inspiration,pense avoir trouvé la bonne idée en racontant l'histoire de Maggie Carpenter,une quincaillère du Maryland qui présente la particularité de...

le 14 mai 2024

4 j'aime

2

Just Married (ou presque)
FrankyFockers
1

Critique de Just Married (ou presque) par FrankyFockers

Rien à sauver dans cet affligeant navet qui est consternant du premier au dernier plan et qui, sous couvert de réactiver le duo vedette de Pretty Woman, multiplie les élans mysogynes sans la moindre...

le 9 sept. 2014

2 j'aime

Du même critique

À tombeau ouvert
RemyD
10

Calvaire nocturne d'un ambulancier new-yorkais

Scorsese retrouve son scénariste de Taxi Driver, Raging Bull et La Dernière Tentation du Christ, le calviniste Paul Schrader et offre à Nicolas Cage un rôle plus christique que jamais.En français,...

le 27 juil. 2022

36 j'aime

Sailor & Lula
RemyD
10

Seuls contre tous

David Lynch revisite le Magicien d'Oz, vu par les yeux d'un couple d'enfants devenus trop vite adultes par la brutalité du monde qui les entoure. Mai 1990, Bernardo Bertolucci, président du Jury du...

le 11 oct. 2010

32 j'aime

1

World Invasion : Battle Los Angeles
RemyD
1

Hollywood: boîte de prod pour l'armée américaine

Avec cet énième film d'invasion de vilains extraterrestres belliqueux, on constate amèrement qu'Hollywood fait toujours office de boîte de production pour l'armée américaine. Cette très longue...

le 15 mars 2011

28 j'aime

4