Ullliel, Seydoux, Cassel, Cotillard, Baye: le terme casting 5 étoiles tombe à pic. En plus pour un jeune réalisateur de plus en plus en vogue. Pour moi, Dolan est un vrai bon metteur en scène, en plus c'est un autodidacte et j'admire les autodidactes. Et après avoir réalisé un premier film autobio-fictionnel (je sais pas si ça se dit comme ça, et je m'en fiche), un navet intersidéral, une Fresque (à 21 ans !) sur la Marginalité, un thriller psychologique oppressant et surtout un portrait de la relation violente qu'il y a entre une mère et son fils, il se lance dans le défi du huis-clos théâtral et familial, adapté d'une pièce de théâtre.
D'office, l'évidence: Dolan sait qu'il a un casting quelque peu désirable. Et il en profite à mort. Toute son attention est concentrée sur eux. Si ils se rataient, le film se plantait. Alors évidemment, dans ces conditions, le casting est irréprochable. Mention particulière pour Cassel, c'est la première fois que je le vois jouer dans un film, et il est plus que convaincant. Donc, sur le point principal du film, sur la colonne vertébrale, Dolan fait un excellent boulot. La BO, sans être aussi géniale que celle de "Mommy", est vraiment bonne malgré son manque de variété (j' étais content d'entendre "Dragosta in Dei" au cinéma !). Dolan ne reste pas dans le huis-clos, il varie les décors, et c'est ce qu'il fallait faire. Certaines scènes du film sont d'ailleurs inoubliables.
Dommage que cela ne tient pas le coup pendant 1 h 30. Parce qu'autant certaines scènes sont exemplaires et impeccablement mises en scène (je pense au plan séquence géant dans la voiture entre Ulliel et Cassel, notamment), autant d'autres sont très vite ennuyantes. En particuliers les scènes avec Cotillard. Son personnage manque de personnalité, c'est le but, mais il n'empêche qu'il aurait fallu ce petit plus pour en faire quelqu'un de plus crédible pour qu'elle devienne attachante. Je n'aime pas non plus la pièce, la base de l'histoire donc. Car des questions, qui auraient mérité réponses, me restent dans la tête: pourquoi Antoine est-il aussi désagréable ? Je peux vous l'assurer, sans lui, le taux de conflits dans ce film aurait baissé d'un coup ! Quelle est la vie du mec qui vas mourir ? Que fait Suzanne dans la vie, en dehors de faire le taxi pour sa mère ? Et pourquoi ces tartines géantes de discussions vaines, qui donnent plus l'impression de combler un vide théâtral comme psychologique ? Dolan est un bon dialoguiste, certes, mais pas au point de miser toutes les scènes dessus ! Je sais, on peut penser que c'est pour inciter le spectateur à jouer avec son imagination, à avoir son propre point de vue. Mais ça aurait été cool d'avoir plus d'éléments quand même. Enfin, je trouve quand même que le parti-pris du réalisateur de baser beaucoup de ses séquences sur des gros plans visant les personnages, bien que cela soit original, c'est très vite étouffant au niveau du cadrage. Plus de plans variés auraient sans doute intensifié certaines scènes. Pour d'autres, c'est un atout majeur.
Donc, en conclusion: je le mettrais dans la catégories de ses films bons, avec "Laurence Anyways" et "Tom à la ferme". Il est très intéressant, c'est sûr, je rejoins sa vision de la famille, mais il lui manquait quelque chose... comme une communication avec le public, au final.