Mettant de côté l'overdose marketing cannoise autour du film et ma réticence à la vue de la bande-annonce, je me décide presque à contre-coeur à aller regarder le "dernier Dolan".
"Le nouveau Dolan" est rentré dans le jargon bobo-culturel parisien comme on dirait "le dernier Tarantino" ou le "dernier Woody Allen" : c'est dire à quel point notre canadien bien-aimé est déjà sanctifié dans notre paysage cinématographique !
Malheureusement, Juste la fin du monde ne participera pas à l'écriture de son mythe comme cela avait été le cas pour le foudroyant Mommy tant on frôle le grotesque.
La trame du film donnait pourtant matière à une meilleure narration et à pléthore d'émotions. Malheureusement je n'ai jamais décollé pendant la projection, attendant désespérément une vraie explosion dramatique. On espère qu'arriveront des discussions vraies et des confrontations sincères mais au final les personnages ne se disent et ne nous apprennent rien: chacun s'enferme dans une caricature de lui-même. On assiste donc à la place à un enchainement d'engueulades qui sonnent majoritairement fausses, bruits de fond qui permettent à chaque personnage d'intérioriser les vérités qu'il n'arrive pas à dire.
Dolan n'a pas réussi à rendre ses personnages attachants, car beaucoup de questions restent sans réponse : pourquoi Gaspard Ulliel n'a t-il pas vu sa famille depuis douze ans ? Un drame/ évenement marquant a t-il eu lieu comme s'interroge Léa Seydoux ? Pour Ulliel décide t-il de partir sans rien leur dire ? Quelle place a eu ou n'a pas eu le père de famille ? Tous ces éléments auraient pu nous rapprocher des protagonistes...
Si le casting est intéressant sur le papier, chaque acteur se retrouve à surjouer une partition qui sonne donc également faux. Je me demande même si au-delà des rôles, les acteurs choisis n'étaient simplement pas les bons pour les rôles en question: Vincent Cassel qui a pourtant une tradition de rôles haineux et violents n'est lui juste pas crédible, Marion Cotillard nous énerve par ses bégaiements, et que fait Léa Seydoux dans le rôle d'une adolescente tatouée en crise d'identité ?
Le style Dolan s'étouffe donc ici: les flashbacks mal placées, la multiplication hasardeuse des gros plans, les longs silences téléphonés, la musique racoleuse et j'en passe !