Si l'intrigue de "Jusqu'à la garde" est somme toute assez banale sur le papier; la réalisation, la narration et la mise en scène de Xavier Legrand (pour son premier long métrage !) ainsi que l'interprétation très juste des trois acteurs principaux font de ce film une très bonne surprise.
Deux époux qui ne s'aiment plus, qui divorcent et doivent se partager la garde de leurs enfants: rien de neuf me direz-vous !
Mais dès la première scène du film, une audience devant la juge aux affaires familiales, nous sommes perdus: nous aimerions prendre parti pour Miriam ou pour Antoine mais ne connaissons pas leur passif.
Et omettre toute l'histoire de leur mariage s'avère être un excellent choix scénaristique. Car les discours de Miriam et Antoine, comme ceux de leurs avocats, tiennent la route : ils semblent tous les deux être de bonne foi et nous n'aimerions par être à la place de la juge qui devra trancher.
{D'ailleurs quand on connait la fin du film, qui aurait pu être autrement plus tragique ; il se pose la question de la faculté de notre droit et de nos institutions à nous protéger quand une personne ne donne que des signaux faibles mais néanmoins annonciateurs d'instabilité.}
Ce besoin de choisir un camp va nous suivre une bonne partie du film, avant tout grâce à la partition excellente de Denis Ménochet, notre Monsieur Lapadite d'Inglourious Basterds.
On se prend de sympathie pour cette homme qui aime ses enfants, dispose d'une sincère envie de bien faire mais dont le tempérament violent écrase finalement tout.
Si Antoine sait être attachant, notamment quand il fond en larmes dans les bras de Miriam avec une authentique émotion, il n'est finalement apprécié de personne: ni par son ex-femme, ni par ses enfants, et pas même de ses propres parents qu'il exaspère.
Tous ces rejets vont finir par faire craquer Antoine, dont la rage éclate très brutalement. Et nous restons pantois devant l'intensité bluffante de la dernière scène du film.