Un psychodrame familial en huis clos, un chaos. Cette famille lambda esquissée par Xavier Dolan a bien ses parts d'ombre qui vont ressurgir avec le retour du fils prodigue, rejeté et absent du domicile familial depuis près de douze ans. Ne cachons pas que le postulat de départ (l'annonce de la maladie du héros parfaitement incarné par Gaspard Ulliel), est bien secondaire face à la réunion de cette famille en perdition : la mère (Nathalie Baye), look m'as-tu vu, bijoux de pacotille et ongles flashys, enfermée dans l'espoir d'un bonheur familial retrouvé, le frère (remarquable Vincent Cassel), brute instable et perverse, se prétendant victime tout en martyrisant le reste de sa famille, Louis, mais aussi sa femme (Marion Cotillard), distante et effacée, et sa sœur Suzanne (Léa Seydoux), rebelle complexée qui voudrait s'affranchir de cette famille pesante.
Ceux qui ignoraient que Juste la fin du monde vient du théâtre le découvriront bien vite : les origines restent assumées dans le film de Dolan, qui conserve le rythme des dialogues percutants et la force des échanges entre les acteurs constamment sollicités à grand renfort de gros plans et d'un montage nerveux. Le résultat est partagé : si le film tire sa grandeur avec un casting d'une grande justesse oscillant tantôt dans la force et la faiblesse, la grandeur et la souffrance, le style peut paraître parfois épuisant.
Finalement, ce film d'une grande intensité est une belle évocation de l'absence, dans tous les sens du terme, et de ce qu'elle engendre chez l'autre.