Dolan fait partie de ces réalisateurs adulés par une certaine catégorie de la population, transcendant les cinéphiles. En l’occurrence une certaine catégorie de bourgeois/hippies/libéraux d’ascendance littéraire, plutôt dans la vingtaine. Je n’avais vu de lui que Mommy, que j’aime beaucoup, bien que le personnage m’énerve assez dans ses interviews. Et suite au décès de Gaspard Ulliel, je lance ce film qu’on présente comme un de ses plus grands rôles, aux côtés d’un Saint Laurent que j’ai effectivement trouvé très réussi. J’ai vécu un instant d’épiphanie. Juste la fin du monde est un nanar cosmique, grotesque partout, touchant nulle part. Dolan est, on le sait, un réalisateur de clips, et c’est assez embarrassant, parce qu’on a des clips certes très beaux, mais sortant de nulle part et sans cohérence, il appuie chaque émotion par la musique, ce qui est très vexant pour mon intelligence, et pour le reste… Ce ne sont que des plans fixes, et des cuts violents avec des plans d’ensemble pour faire la transition, Dieu que c’est vide. On me rétorquera que cela pourrait servir à faire ressortir le jeu des acteurs, et, c’est vrai, on a une palanquée d’acteurs talentueux. Le problème, c’est que le texte est d’une vacuité sans nom, ne tape jamais, mais alors absolument jamais juste, on a l’impression d’une étude zoologique d’un langage prolétaire par des gens qui n’auraient qu’une vague idée de ce qu’est le peuple… Alors du coup ça colle au texte. Personne ne sonne juste, jamais. Nathalie Baye semble être atteinte d’une crise de sénilité précoce, tant elle est hors rythme, Léa Seydoux joue les hippies philosopheuses, un rôle qu’on la sait incapable, elle a besoin de rôles de bourgeoises (Dumont et Kechiche en savent quelque chose), Marion Cotillard a un flashback de sa mort dans Batman, et Ulliel… Quelle déception, on sent que le type a un talent monstrueux, et on le cantonne à des petits sourires gênés et un monologue introductif creux. Il n’y a rien à sauver dans Juste la fin du monde, pas la plus petite étincelle de vie, rien qui soit cohérent… C’est pas la fin du monde, juste la fin du cinéma.