John Constantine, c'est un personnage trop peu médiatisé. Autrement plus badass que la plupart des personnages de comics soit disant badass, il amène toujours à ses oeuvres cette ambiguïté de caractère, cette solitude volontaire. Il se tient face au monde, un monde qu'il rejette autant qu'il méprise, trompant tout le monde sans que personne ne l'aime. Là est sa personnalité, ce qui le caractérise; autant vous dire qu'avec un tel état d'esprit, je craignais que la Warner nous l'édulcorent.
Après tout, quand on tient un univers sombre entre ses mains, il est vrai que les enfants ne seront pas visés. Seulement, il y a l'autre public, celui des fans de comics, des amateurs de DC ou d'épopées fantastiques; ceux là, il ne faut pas les décevoir avec des films pour gosses. Et ce Justice League Dark n'a rien d'une déception de ce genre.
Très réussi, le film trouve son principal intérêt dans ses personnages magiques. La manière de les traiter et d'illustrer la magie, de jouer avec les ombres et les lumières est simplement passionnante. Pas vraiment fascinante non plus, l'esthétique ajoute énormément de cachet au film, qui devient dès lors largement meilleur. On regrettera cependant l'aspect rigide de l'animation ( comme d'habitude avec les OAV adaptant des comics ), encore que les combats soient rendus encore plus spectaculaires par ce côté mécanique des déplacements.
Leur personnalité à tous est respectée à la lettre : que ce soit la manière de penser de Constantine ou les rapports qu'il entretient avec Man-Thing, c'est fidèle à l'oeuvre d'origine. Intense et n'ayant jamais peur de mettre les mains dans le cambouis, Justice League Dark nous tient en haleine une heure et demie durant, nous intéressant jusqu'au final terrible et meurtrier. Une prise de risque fort agréable et particulièrement couillue, qui si elle ne tue pas tous les personnages, gravera le destin de bien des âmes.
Intense et bien foutu, consolidé par son intrigue simple mais bien menée, l'animé ne déçoit jamais vraiment, nous livrant un spectacle difficilement regardable par les plus jeunes; l'introduction en attestera largement, avec son efficacité indéniable et ses passages forts. Car si la magie y est représentée, elle le sera d'une manière bien glauque. Loin de l'esthétique de Doctor Strange, Justice League Dark incarne un peu son penchant non avoué, son côté obscur vraiment violent.
Deux films complémentaires s'il en est, mais diamétralement opposés. La forme, le fond, tout y est différent, et c'est en cela que les deux trouvent un intérêt à être visionné : une vision différente de la magie, plus sombre ici, plus légère là bas. Et mine de rien, Justice League Dark aura réussi où Suicide Squad s'est lamentablement planté : respecter ses personnages en les incluant dans un univers sombre, glauque et torturé. Que la fin m'en soit témoin, ce n'est pas un animé pour les gosses.