Film de Corey "Presque monnaie du Japon" (c'est aussi un pays à côté) produit par son frère d'arme Sammo Hung, lequel tient aussi un petit rôle. L'histoire d'une policière et de ses belles sœurs - elles-aussi flics - confrontées à un gang de malfrats vietnamiens, dans une ambiance typique de la fin des années 80/début 90 avec une musique et un style vestimentaire que ne renierait pas City Hunter (le manga et l'anime). Porté à la fois sur la comédie, le drame, et l'action, Corey Yuen signe ici quelques scènes parmi les plus impressionnantes que j'ai pu voir dans le cinéma hongkongais, aux chorégraphies inventives et dynamiques et portées par des artistes martiales sacrément douées. Je suis d'ailleurs surpris que les actrices, à commencer par l'héroïne Joyce Godenzi, n'aient pas des carrières à la mesure de ce qu'elles nous montrent dans ce film.
Les rares moments dramatiques fonctionnent étrangement bien, les quelques combats m'ont scotché (et le réalisateur a conscience de leur qualité puisqu'il n'hésite pas à repasser les meilleurs passages au ralenti), alors qu'est-ce qui empêche Justice sans sommation de compter parmi les incontournables du genre ? Déjà, c'est bien raciste comme il faut. Les antagonistes sont vietnamiens, et croyez-moi, les personnages n'auront de cesse de le répéter. Leur caractère se limite à deux traits : ils sont méchants et vietnamiens. Quant à leur motivation, elle est simple : ils veulent se venger de Hong-Kong parce que le gouvernement veut les renvoyer dans leur pays. Les problèmes d'immigration, c'est toujours compliqué, mais pour la subtilité nous repasserons.
Surtout, alors qu'il met en scène une belle brochette de nanakiroxx, il s'agit d'un film affreusement misogyne. Alors, il reflète peut-être la mentalité locale, mais cela n'en demeure pas moins hallucinant, et traité comme si cela allait de soi. Les héroïnes passent leur temps à se crêper le chignon, le mari de l'héroïne se fait engueuler car ce n'est pas normal qu'il monte en grade moins vite que sa femme, bien qu'inspectrice cette-dernière se retrouve à devoir servir le café à ses collègues masculins, et surtout elle n'est vue par toute sa belle-famille que comme une usine à fabriquer une descendance au seul mâle de la lignée. Mâle qui n'hésitera pas à saboter les moyens de contraception de sa femme, ce alors qu'ils ont conclu avant leur mariage qu'elle allait privilégier sa carrière avant de penser à faire des enfants. Mais comme le sabotage en question est traité sous l'angle de la comédie alors ça passe lol.
Cela donne à Justice sans sommation une atmosphère parfois gênante, déplaisante. Le film a le derrière entre deux chaises, nous montrant ses personnages féminins réaliser des prouesses mais les renvoyant à un statut de femme bien rétrograde l'instant d'après. Cela n'enlève rien à la qualité de ses scènes d'action, lesquelles suffisent à justifier de le regarder. Mais cela me donne quand même l'impression que Corey Yuen saborde son propre travail. Dommage.