La première création de Fantasy espagnole que j'ai pu découvrir était Mercenaire. Un "magnifique" film d'animation à l'animation justement quelque peu bancale, si ce n'est complétement ! Fort heureusement, on ne demeure pas avec des a priori : Justin et la légende des chevaliers est un dessin animé espagnol, non tellement classable dans le genre de la Fantasy (même si...) mais qui reprend plutôt les codes empruntés aux contes pour enfants. Une création familiale qui ne laissera pas indifférent de par ses inventivités, ses beautés et son émotion !
Dans un royaume régit par les lois, qui ont finit par chasser tous les chevaliers, Justin s'apprête à devenir sénéchal comme son père malgré la grande admiration qu'il porte pour son grand-père qui était chevalier. Commence alors une aventure épique, à la recherche des mentors de chevalerie pour tenter de redonner à ces figures de légende leur titre de noblesse.
Pas plus de spoil !
Concrètement, pour un dessin animé, on ne réinvente pas du tout le genre et on demeure sur des sentiers connus avec l'assemblage d'éléments et d'événements récurrents, voire même obligatoires, dans la construction d'une histoire de cet envergure. Le voyage initiatique du héros en proie à des choix cruciaux, des adjuvants amusants, des antagonistes ayant une dent contre le "système" en place... Néanmoins, si la forme est conventionnelle, le fond est on ne peut plus original même si, techniquement la disparition de figures chevaleresques n'est pas non plus rayonnante de nouveauté. Mais on peut atteindre un niveau de lecture intéressant, où les écrits des lois prennent le pas sur les actes et les faits - mieux vaut se référer aux lois même si elles sont erronées que d'essayer de changer les choses par la volonté. Ainsi, les enjeux sont vraiment intéressants à analyser et la création joue en partie autour de cette dualité avec une certaine aisance. Une facilité soulignée et encouragée par l'introduction de références parodiques aux romans de chevalerie qui sont amusantes à relever. Ponctué à cela quelques messages forts sur le devenir de soi en société et de ses rêves qu'il ne faut jamais abandonner.
Une histoire qui ne perd pas le spectateur, ou du moins qui fait tout pour ne pas le faire décrocher, mais qui propose toutefois des situations discutables et parfois inutiles, situations qui se comptent sur les doigts d'une main.
A souligner néanmoins que de nombreuses scènes du film peuvent faire penser à d'autres plus grosses productions, les exemples les plus flagrants demeurent des références (les plus pessimistes déclareront plagiats) au dessin animé de Dean DeBlois Dragons ; des séquences qui peuvent jouer en défaveur de ce film comme incapable de produire quelque chose d'original, je trouve personnellement le "copier-coller" amusant et de l'ordre du clin d’œil.
Mais selon moi, la véritable force de cette création réside dans ses personnages, hauts en couleur, amusants et attachants au possible. A commencer par le personnage principal qui, certes, est l'archétype du héros de dessin animé mais qui s'en sort rudement bien et que l'on suivit avec sympathie. Un protagoniste que l'on a plaisir à suivre, notamment grâce aux relations qu'il entretient avec les différents adjuvants qu'il rencontre. Les plus remarquables sont les mentors, les "entraineurs" de chevaliers et le plus émouvant - de manière totalement subjective - reste le chevalier Legantir qui noue un réel lien avec Justin, ce qui réchauffe le cœur en de nombreuses scènes. Les plus jeunes apprécieront bien évidemment le personnage humoristique qu'est celui du mage schizophrène qui est absolument délicieux avec sa mise en scène à la Gollum du Seigneur des Anneaux, offrant un véritable dynamisme aux passages focalisés sur sa personne. On notera également, dans les principaux, la présence d'une protagoniste alliée à Justin qui, malheureusement, demeure bien trop discrète à mon goût malgré des moyens évidents de faire ressortir un peu plus sa personnalité. J'attribuerai une mention spéciale à l'antagoniste principal (ses hommes de main demeurent également intéressants) premièrement parce qu'il est doublé par Constantin Pappas, voix française de Robert de Niro et deuxièmement parce qu'un certain charisme se dégage du personnage dans sa manière d'être.
Ainsi, un panel non négligeable de personnages offrant chacun un battement de cœur pour rendre cette production plus vivante.
Côté graphisme, on avons quelque chose de tout à fait correct, l'animation est fluide et la séquence de "flashback" empruntant la texture d'une tapisserie est à souligner pour le côté inventif et rafraichissant de l’œuvre. Déclarons également dans cette partie que le paysage mais surtout les différents décors, sont absolument magnifiques ! Une mention spéciale sur la tour des mentors qui offre les plus belles séquences et les plus beaux panoramas du film.
Pour les musiques, on retrouve Ilan Eshkeri (que l'on avait déjà à la composition du film Stardust, le Mystère de l'Etoile) qui propose des notes tout à fait honorables et certains thèmes plaisants à écouter.
Ainsi, cette création est un véritable coup de foudre !
Une histoire plaisante accompagnée de personnages attachants et de séquences mémorables pour une œuvre du genre, on a là un divertissement plus qu'appréciable qui fera sourire les plus adultes et faire voyager les plus jeunes d'entre nous. Un film qui promet, dans tous les cas, une aventure inouïe et chevaleresque au possible.
Et n'oubliez pas que la Fantasy nous appartient !