Cela faisait un moment que j'étais tenté de voir ce film, "Kaboom", sorti en 2010 et présenté au Festival de Cannes cette année-là. D'une part, il faut dire que l'affiche du film, et d'autre part, ce que j'avais pu en lire, donnaient à penser que le film était une œuvre très décomplexée ... Je ne vais pas y aller par quatre chemins, "Kaboom" est un film très étrange et qui vise un public bien particulier.


Dès le début, le film s'avère intéressant. On se (re)plonge à l'université pour suivre Smith (Thomas Dekker) dans la découverte de son identité (sexuelle). Le film se veut alors être un teen-movie très décomplexé, nous offrant son lot de scènes très chaudes. Mais petit à petit, "Kaboom" vire vers un autre genre : celui de l'horrifique surnaturel (personnages qui ont des super-pouvoirs, poupée vaudou maléfique, etc.). Un choix judicieux ?


Je reproche souvent aux films d'être trop classiques et de ne pas avoir l'audace de sortir des sentiers battus. Eh bien ici, je suis clairement servi, mais finalement un peu trop. C'est d'ailleurs peut-être un peu contradictoire avec certains de mes commentaires, mais je pense sincèrement que "Kaboom" aurait gagné en qualité s'il était resté un peu dans le moule ... le film a une intrigue intéressante (un meurtre aurait eu lieu sur le campus) mais qui, à mon sens, n'est pas traitée sous le bon angle. Pour m'expliquer, je peux citer un autre film d'horreur sorti en 1980 : "La Bal de l'horreur" avec Jamie Lee Curtis. Ce dernier est tourné sous fond de thriller, avec un tueur masqué qui poursuit ses victimes jusque dans les moindres recoins. J'y avais trouvé une tension permanente. Ainsi donc, "Kaboom" aurait été pour moi plus efficace s'il s'était inspiré du film de Paul Lynch. Mais est-ce juste de critiquer un film pour ce qu'il n'est pas ?


Si je suis honnête avec moi-même, j'ai envie de dire que ce que nous offre Gregg Araki avec son "Kaboom" est tout à fait bien pensé. Même si la tournure surnaturelle que prend le film est discutable, il n'en reste pas moins que le film est très travaillé. Saluons notamment la magnifique photographie du film. Les couleurs sont exquises : c'est parfois bleuté et c'est parfois violacé. Cela donne au film un côté apaisant qui viendrait presque nous faire oublier les événements tragiques que doivent subir les personnages.


J'aimerais également mettre en avant toute la symbolique du récit. En effet, il est souvent reproché à certains films d'être tirés par les cheveux. Mais clairement, réfléchissons un peu, les metteurs en scène ne font jamais les choses au hasard. Tout du moins ici, il est clair que ce n'est pas le cas. "Kaboom" emprunte énormément de connotations divines ... un des personnages se nomme Thor et est judicieusement incarné par Chris Zylka, acteur blond aux yeux bleus ... le nombre 19 qui est souvent évoqué dans le film ne sort pas non plus de nulle part. En effet, 19 est le nombre du Fils de Dieu selon Abellio, dieu de la Gaule antique.


On en arrive donc au point de ma critique qui va être dur à expliquer sans spoiler tout en me faisant comprendre. Comme dit plus haut, il y a eu un meurtre sur le campus. Il est donc évident que les personnages vont chercher à résoudre le mystère. C'est à ce niveau-là que les symboliques trouvent leur utilité. Sans aller trop dans le détail, "Kaboom" nous parle d'une secte à l'origine de tous les maux. C'est clairement une métaphore du tout puissant. Et cela va même plus loin, c'en est une critique au vu des scènes de débauches que nous propose le film. Selon mon analyse, "Kaboom" rejette l'idée qu'un Dieu aurait tout créé. Cela nous amène donc à la scène finale, d'une simplicité étonnante :


Le chef de la secte appuie sur un bouton et la Terre disparait ... c'est donc l'idée qu'il suffit à Dieu de reprendre ce qu'il a créé et cela d'un claquement de doigts. C'est tellement simple qu'on voit bien que le réalisateur se moque de cette théorie de la création.


Au final, "Kaboom" n'est pas le film superficiel qu'on pourrait croire qu'il est ... le réalisateur nous propose une intrigue bien ficelée et bien plus malicieuse qu'il n'y parait. Toutefois, le côté surnaturel ne convient pas, selon moi, au récit. Un film dramatique, tout en gardant toutes ses symboliques, aurait été un meilleur film. Néanmoins, et je terminerais là-dessus, peu importe le genre du film, il y a vraiment un point de mise en scène très dérangeant dans le film : les transitions entre les scènes. J'ai vraiment eu l'impression que le monteur a utilisé les thèmes d'un diaporama Power Point ... damiers ; ouverture en cercle ; fondu ... le rendu fait un peu amateur.


Ma note : 6,5/10.

MDCZJ
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le 2 juil. 2017

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