Pifpi (Copyright Philippe Geluck)
De mémoire, il me semble que Steven Soderbergh est le seul réalisateur à avoir gagné la légendaire Palme d'Or avec son premier film, Sexe, Mensonges & Vidéo. Evidemment, ça ouvre des portes, surtout celle des studios, qui se sont jetés au pied de l'excellent réalisateur.
Celui-ci décida de prendre tout le monde à contre-pied et de réaliser un faux biopic mais vrai film d'auteur autour de l'univers de l'écrivain tchèque Franz Kafka. Interprété avec une froideur parfaite et adéquate par un Jeremy Irons transcendant, le personnage, qui ne partage pas le prénom de l'auteur, prénom qui nous restera inconnu, se retrouve enfoncé dans une histoire qui le dépasse, mais qu'il semble comprendre par moments. Tour à tour double de l'auteur et double des héros des livres de l'auteur, il se meut dans un Prague très inspiré de l'expressionnisme allemand à qui Soderbergh (qui prouve une nouvelle fois qu'il est un maître de la mise en scène) rend hommage tout le film. Malheureusement, une bonne mise en scène et un excellent jeu d'acteur ne suffisent pas pour faire un film, il faut un minimum de scénario cohérent et ici, il n'y est pas. Aucun fil conducteur, donc un intérêt un peu défaillant sanctionnent un film qui avait les moyens d'être excellent.
Kafka est donc une petite déception pour ceux qui croyaient fort en Soderbergh, ici incapable malgré son talent à rattraper les malheureuses erreurs de l'inexplicablement adoré Lem Dobbs. Soderbergh y perdit une partie du crédit qu'il avait gagné avec son premier film.