Toujours là pour nous sortir un bon petit documentaire true crime de derrière les fagots, Netflix récidive avec Kai, l'autostoppeur à la hachette.
Un titre volontairement racoleur qui alimentera la polémique barbante sur la glorification actuelle des arnaqueurs, tueurs en série et autres salopards.
Un débat abscons et vieux comme Aristote, je le rappelle.
J'ergoterais d'ailleurs que Kai dénonce inutilement cette supposée dérive tout en y participant. Serpent qui se mord la queue, tout ça...
Mais Kai offre également le formidable cas d'école d'un emballement médiatique démesuré, idiot et grassement nourri par le buzz au point de brouiller toute notion de bien ou de mal.
Pour replacer, Kai était un vagabond qui, en 2013, stoppa l'agression en pleine rue de deux femmes à coups de hachette (oui oui).
Propulsé super-héros du quotidien, ce marginal clairement cintré est devenu un temps la coqueluche des médias et des internautes à coups de memes, parodies et autres tweets.
Sauf que la (stupide) hype redescendue, le mec s'avère pas clair du tout, probablement un peu responsable du fait-divers dont il est le héros et, in fine, accusé d'un meurtre bien sordide.
Etonnant de la part d'un type qui distribue des coups de HACHETTE !
Un rise and fall des temps modernes, aussi absurde qu'inquiétant, que la documentariste Colette Camden raconte sur un tempo imparable avec tout le savoir faire de Netflix en matière de production.
Dans ce classique mélange entre les interviews des protagonistes et les images que le "phénomène" à produit, Kai retrace le parcours d'un paumé désaxé, psychologiquement malade et dont la gloire éphémère ne va faire qu'accentuer les névroses jusqu'au point de non retour.
Où quand les médias jouent à Frankenstein...
S'il est difficile d'avoir de la sympathie pour Kai, l'empathie demeure pour cet être en souffrance, en rupture et (ce n'est que mon avis) victime dans le meurtre dont il est accusé.
Sans révolutionner le genre, Kai, l'autostoppeur à la hachette offre donc un doc true crime solide, rythmé et bien fichu.