L'exception des Ring Like...
Autant la simplicité de "Ring" et ses scènes de peur, pour autant réussies, n'avaient pas assez de poids sur les questions posées et les dénouements espérés, tout un film pour attendre un fantôme tout de même, autant Kaïro utilise le même schéma froid de réalisation pour dévoiler une véritable histoire fantastique et pas une simple révélation.
Dans Kaïro, on débute sur une trame similaire, le multimédia, vecteur d'apparitions de fantômes, mais l'histoire va beaucoup plus loin dans les thématiques abordées :
- les accrocs et les novices en informatique
- comment vivent les fantômes et comment peuvent-ils vivre ? (grandes questions),
- l'amitié et la superficialité
- la fin du monde
- l'esprit fantomatique dans la machine
- l'invasion inarrêtable des nouvelles technologies
- le multimédia tout puissant
- la déshumanisation
- la solitude, l'immortalité, la solitude éternelle, ....
La peur est fondée, palpable et se nourrit des révélations successives. Kurosawa n'hésite pas à développer ses idées jusqu'au bout et nous offre plusieurs passages réellement flippant sans pour autant user d'effets tape à l'œil, bien au contraire, dans ce qu'offrait de meilleur Ring. Le traitement de la peur est aussi émotionnel et primaire que dans "Ring" mais les instants sont plus nombreux, plus travaillés, variés, surprenants et beaucoup plus porteurs.
Il y a quelque chose du "Zombie" de Romero dans "kairo" et qui manque à "Ring" pour le rendre vraiment sombre, la résignation, un monde qui se vide inexorablement de sa population, décimé par une force étrangère, une menace impalpable et l'inéluctabilité de la mort au bout du chemin. Le tout est cimenté par un thème toujours plus d'actualité, la solitude, une réalisation soignée, minimaliste, froide, efficace et une bande son elle aussi travaillée (plus encore que dans "Ring").
Vraiment sombre mais surtout captivant car totalement fantastique malgré un fond bien réel et angoissant.