Old Dolio n'a pas de parents, mais fait partie d'un clan. De même qu'elle n'est pas vraiment une fille, en dépit de ses longs cheveux blonds. Sa voix, ses vêtements flottants, tout est mis en œuvre pour jouer avec les stéréotypes visuels ayant à trait au genre.
KAJILLIONAIRE raconte à première vue l'histoire, sous un point de vue comique, d'une petite famille de fraudeurs évoluant dans le chapardage depuis de nombreuses années. De ses situations suinte un air de déjà vu, la sensation d'une métaphore de scènes familiales que n'importe qui a pu vivre, ici représentées de manière décuplée. Décuplée par une esthétique semblables aux clips de Hot Sugar, une esthétique de barbapapa pour un monde aseptisé. Mais très vite la comédie s'estompe, pour laisser entrevoir la réalité douloureuse d'une jeune femme qui vit au travers de l'héritage psychologique de ses géniteurs, maintenant leurs croyances, satisfaisant leurs attentes en les suivant, littéralement, partout.
Marqué par un désir d'indépendance sans cesse refoulé, le film prend tout à coup des proportions dramatiques, jouant sur l'absence d'émotivité des membres de cette étrange famille. Une nuée de questionnements surgissent alors. Qu'est donc un père pour une fille ? A quel point se doit-il d'être présent ? Qu'en est-il de l'idée de reconnaissance de l'enfant envers ses parents ? Où sont les limites ?
De la superficialité des décors dans le sens propre à la surface, naît une forme de malaise, et KAJILLIONAIRE prend tout son sens. Il faut casser la piñata, renverser le jeu de quilles, gratter les paillettes de toute urgence.
La fuite. Le but n'étant finalement pas d'être riche, mais d'être libre en tant qu'individu.