Disait Victor Hugo. L'eau, comme un roulement fort et silencieux où se cachent ensevelies passions. L'élément de l'eau reste omniprésent, dans un paysage sauvage et en rappel du symbole de la féminité. C'est autour de ce thème que gravite PORTRAIT DE LA JEUNE FILLE EN FEU, et des conditions de la femme à un siècle où le couvent constitue l'une des ambitions du sexe faible les plus répandues.


Son évocation dans l'Art apporte un intérêt particulier à l'histoire de la femme peintre Vigée Le Brun par Céline Sciamma, dont le souhait principal, d'après sa chef opératrice Claire Mathon, était de retranscrire les mœurs dans un style épuré, simple, sobre, cru. Effet repris dans la décoration par Thomas Grézaud, ayant également participé à TOMBOY, au travers d'un ameublement minimaliste, peu clinquant pour une famille d'origine italienne pourtant bourgeoise. D'ailleurs en passant, pourquoi toujours ce même anachronisme dans les films d'époque de montrer à l'image des armoires et buffets en piteux état, dont on sent bien qu'ils ont traversé les âges, tandis qu'ils sont assurément censés être contemporains aux protagonistes et non marqués par l'usure ?


La réalisatrice semble assumer pleinement un écart de conduite, l'éloignant d'une vraisemblance propre au XVIIIème siècle vis-à-vis des relations humaines, par exemple.


Une servante, si sympathique soit-elle, ne se retrouve pas en train de broder pendant que ses maîtresses préparent pour elle infusions de plantes dans le but de la faire avorter, surtout sachant qu'une femme de sa condition ayant passé la majeure partie de son existence dans un couvent n'a pas appris à faire la cuisine, y compris des tisanes.


De même que des adieux cordiaux ne peuvent se faire au travers d'accolades familières, comme c'est le cas un moment entre deux personnages de classes sociales éloignées. La série de défauts historiques présents tout au long du film participe au manque de crédibilité du scénario qui, pour moi, se veut sans doute symbolique en se détachant du contexte de l'époque. Les enjeux de l'histoire se révèlent assez simples, pour devenir prévisibles rapidement, nuisant à l'intérêt du film. Le spectateur est véritablement amené à simplement admirer les portraits mis en scène. Oui mais voilà, un portrait un peu trop figé pour paraître réel, même s'il reste sensible et agréable à regarder.


A entendre également, car je retiendrai les dialogues, remarquables, de ceux que l'on trouve dans les livres. Les héroïnes parlent peu, choisissent leurs mots, jouent avec les mots pour parfaire leur jeu de séduction. Ajoutant à cela un extrait de bande sonore hypnotique sous la forme d'un chant mystique a capella. La mer aura finalement raison de la rythmique de ce long-métrage, lourde et enveloppante, car il s'avère un peu trop langoureux et manquant de véracité historique pour justifier sa volonté unique de contemplation.

eleonoreoldwood
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le 5 sept. 2019

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