J'ai presque eu l'impression de voir un film de mime.
La narration est profondément errante, à l'image de cette troupe de personnages saltimbanques du scam', qui ne sait pas(plus) ou elle va.
Bien que les personnages parlent, ça demande de l'attention de comprendre leur façon d'être en relation ensembles, qui s'expriment par des détails subtils, dans un rythme lent et énigmatique.Il y a aussi de nombreuses scène fortes en symbolisme, métaphoriques, qui portent des axes charnières de l'histoire spoiler très explicite
( comme le cambriolage qui finit en reconstitution familiale de veillée mortuaire, le fait de ramper / refaire une scène d'un nourrison, là symbole un peu poussif j'trouve, surtout quand le ventre du monde qui t'acccueile c'est le béton mdr ou le nom de dolio )
Si je devais résumer rapidement le film : héritage familial, émancipation, maltraitance.Mais aussi, je pense que le mode de vie marginale y a une place forte(je ne sais pas si c'est voulu par la real',elle parle de secte comme analogie à la famille en interwiew, mais ça pourrait effectivement d'écrire un milieu sectaire.. de sorte plausible).Comment des êtres vont s'écarter du monde, et essayer de créer le leur de monde, qui durera un temps.Un temps révolu, pour ensuite se décomposer, devenir une forme de folie à deux/ plusieurs, douce amer.Ce sont des thèmes très concrets, mais traités avec une forme de mystère presque naturaliste
Ainsi, le décors est planté par le synopsis même : on suit une famille d'arnaqueurs, survivant de petites fraudes sans envergures, dans leurs périgrinations quotidiennes.
Mais aucune de leurs arnaques ne semble fonctionner.Tout échoue.
En fait rien ne parait(plus) marcher, et pourtant ils continuent; peut-être ne savent il plus faire autrement.
Cela nimbe l'histoire d'une aura de mystère, car on pourrait croire que ces personnages sont d'anciens artistes de rue(anciens clowns, forains, personnes imitant des statues de cires)mal démaquillés, toujours absorbés dans leur jeu de scène guindé.( j'ai lu sur une critique négative qu'on dirait des pantins non attachants, et y'a du vrai : l'essentiel de leur motivations nous reste hors d'accès; mais j'y vois du sens, .. que ces personnages sont piégés par leur serment à un style de vie marginal. je trouve ça plutot finement observés et exprimé, réalistement et surréaliste à la fois, des gens essayant de survivre aux periphéries du monde, en étant un peu créatif ou artiste, qui au bord de l'errance, survie, clocharisation, se sont parfois figés dans leur un langage qui a perdu son alphabet, dont il ne reste plus que les postures, attitudes, et leur esthétique poussièreuse en relique.Bref, je sais que la real' s'est pas inspi de sa vie, ceci dit, j'ai déjà vu en docu, ou dans la vie des chemins de vie de cette sorte )
Derrière l'évidence, laide, frappant dès le départ, d'une jeune fille(? on est pas certain de son genre) négligée dans une famille de marginaux qui la maltraitent presque involontairement(?), happé ou perdu dans leur bulle-monde( montrant hélas comment des troubles psychologiques en roue libre, mode de vie alternatifs refermés sur eux, peuvent rendre maltraitants des parents, parfois à leur insu) , lui donnant que des corvées, et devenant presque à sa charge, ou l'on sent contenue sa souffrance impalpable....
Le rythme du film lent, rend l''imaginaire à l'affut, de trouver, dans les coutures défaites de la cohésion familiale comme de la structure narrative habituelle, dans leur costumes de scène débraillés, boutons perdus, poches trouées ; des traces d'une ancienne magie qui aurait réunis ces êtres ( comme l'attention que continue de se donner le couple de parents, toujours perceptible).
Ou encore de tomber sur des vestiges royaume familial, riche d'un mode de vie s'écartant des conventions qui aurait eu ses lettres d'une noblesse déchue, aujourd'hui tombé en ruine.
Qui sait ? peut-être ces parents étaient ils d'anciens militants, passionnément amoureux, anti consommations/capitalisme/eco, animés par des principes forts dans leurs refus d'y prendre part.Les parents semblent en effet avoir quelques principes, ou codes dans leur vie de fraudeur, comme ne pas chercher l'accumulation mais surfer sur le détournement du profit.. du moins avant que la survie quotidienne les usent et érodent.. et qui à ce jour auraient perdu les moyens psychologiques de leur style de vie .. les rendant .. pourris..
En tous cas, jamais ils ne trahiront le serment qui les unit, pour nous expliquer "normalement" ce qui les a menés là.
Et c'est la fin du conte.
N'en reste que des personnages à peine humanisés.
Certains semblant avoir perdu leur humanité, d'autres semblant ne l'avoir qu'à peine découverte ; comme old dolio, qui peine avec les bases de la communication émotionnelle au point d'apprendre ses rudiments dans un cours pour parentage positif lors d'une de ses fraudes ( salut old dolio, t'es pas la seule !)
Qui aurait cru que la vie de fable demandait autant ?
Qu'elle pouvait dévorer les traits et expressions des êtres et remplacer leurs gestes par des gants inertes désarticulés n'ayant plus la souplesse pour voler non plus?
Les rêves sont voraces, apparemment, et même carnassiers, boivent votre sang, se repaissent de vos tripes, pour ne recracher que les restes d'humains émiétés perclus de leurs habitudes.
Et c'est dans ce monde social marginal décomposé, à travers sa brèche, qu'arrive ce personnage pétulant et expressif, de Mélanie.
Ayant un pied dans le monde courant, ou même marchand, elle semble aussi s'échapper d'une famille dysfonctionnelle( les coups de tel de sa mère, semblant affectueuse, mais vécus comme oppressants dans sa mise à distance visible).
Semblant avoir soif d'aventures et curieuse, elle considère cette famille comme des antiquités mouvantes, objets ou oiseaux rares et se prend de passion à les suivre un temps.Son regard est particulièrement doux sur ces personnes .Immédiatement, elle attire plus d'attention de la part du couple de parent que leur fille elle même, et ça pique.Très vite, elle apportera une la vitalité à cette triade figée, ce qui la remettra en question.
La fable triste alors s'évapore bientôt totalement, vers un tableau de relations se désaccordant, de famille maltraitante , dysfonctionnelle, malgré toujours une forme de douceur dans la façon dont le rideau tombe pour dévoiler les coulisses plus sordides .
L"histoire se poursuit dans un monde entre deux, entre l'ancien royaume en ruine évaporé et entre le quotidien du monde de dehors ordinaire, ou old dolio, et mélanie vont inventer un nouveau langage pour un nouveau monde
En d'autres termes ou old dolio va tenter de s'émanciper de ses parents, et apprendre à exister, s'exprimer en dehors et à connaitre une autre personne humaine, sous le regard attendrie, amoureux et non maternel pour ce cycle, de Mélanie à son expression personnelle naissante.
(jai quasi tout spoiler, mais entre nous si vous lisez des critiques d'autres avant de voir par vous, c'est mérité nanannère)
J'ai vu ce film le 24 décembre, et c'était le film parfait à voir pour moi, lors d'un jour de festivités de reunion familiale