Le résumé de Kalak en dit déjà trop, même si le film d'Isabella Eklöf ne joue pas sur les ressorts du suspense. C'est autour de la personnalité de Jan, plutôt complexe, et de notre rapport à lui, mouvant, que se trouvent les véritables enjeux d'un long-métrage qui se déroule, pour la plus grande partie, au Groenland. Mais rien de pittoresque dans ce que décrit la réalisatrice, ni de lyrisme paysager, avec un personnage principal qui a pris du champ vis-à-vis de ses traumatismes de Copenhague. Si Jan nous semble de prime abord une victime et un homme à la recherche d'un équilibre psychologique, son attitude à l'égard des jeunes femmes groenlandaises, sa responsabilité de père de famille et d'autres détails jamais anodins, nous confrontent à une personnalité insaisissable dont l'envie de devenir un authentique Kalak, soit un "sale groenlandais", dans une acception ironique de l'expression, reste une chimère, puisqu'il ne sera toujours, comme ses compatriotes danois, qu'un étranger. Beaucoup trop long et languissant entre ses scènes-clés, presque toutes calées vers le dénouement, Kalak gâche un peu ses atouts mais demeure marquant grâce à son pourtant peu sympathique héros.