Première et dernière bonne réalisation de Dominic Sena, Kalifornia fait partie de ces quelques VHS vus et revus durant mon adolescence. Un film presque culte pour moi, donc.
Alors le revoir une bonne quinzaine d'années plus tard m'a fait un peu craindre le pire, d'autant plus que je me souvenais d'une première partie assez moyenne, avec un David Duchovny - alors star de X-Files - médiocre... Mais je me souvenais aussi d'un road-movie original et surtout d'un couple Brad Pitt / Juliette Lewis détonnant.
Et effectivement, le personnage ingénu de celle-ci s'avère aussi pathétique qu'émouvant, notamment au cours d'une confession sur son enfance tragique... Quant à Brad Pitt, il joue ici l'un de ses meilleurs rôles, terrifiant en beauf psychopathe. Et donc, David Duchovny, avec ses deux petites boucles d'oreilles ridicules, reste bien en dessous de ses partenaires en raison de sa fadeur notamment, bien qu'il parvienne tout de même à sauver les meubles au cours d'une scène de sexe peut-être annonciatrice de la future série Californication...
Cette sorte de thriller-trip rassemble donc dans la même voiture décapotable -de manière assez fumeuse il faut bien l'admettre- un couple d'artistes écrivain/photographe plutôt bobo et un couple de prolos bas du front à l'américaine. Un peu clichés certes, mais hop ! Direction la Californie, avec en chemin quelques haltes sur les traces de célèbres meurtres américains dans le but d'agrémenter le livre de monsieur...
L'atmosphère générale du film s'avère relativement malsaine, la photographie poisseuse et pas de très bonne qualité, mais miraculeusement, ça colle : et cette ambiance demeure au final l'un des points forts du film. Il y a aussi un souci avec la voix-off, pas très intéressante sur le fond. Ceci dit, la réalisation de Dominic Sena reste relativement efficace, il n'y a franchement pas de quoi se plaindre de ce point de vue-là...
Mais malgré ces quelques défauts, notre couple d'énergumènes se révèle finalement assez intrigant et borderline pour nous maintenir en haleine... Et on fait bien d'attendre un peu, parce qu'à partir du moment où le couple bien rangé découvre les petits travers de notre déglingué, juste avant une scène très inspirée dans une station-essence, le film parvient enfin à prendre toute sa dimension et le suspense à devenir insoutenable. Le gars se lâche, avec en outre l'idée loufoque de faire copuler les mannequins d'un site de tests nucléaires. Un humour noir se ressentant jusque dans la musique que l'on entendra lorsqu'ils squatteront un couple de vieillards.
Le final, sans concession, quoique peut-être un peu facile dans sa résolution, dérangera certainement quant à la morale que Dominic Sena semble vouloir ici défendre... Mais Kalifornia s'avère être dans l'ensemble un thriller au scénario efficace, captivant, valant au moins le coup d'oeil pour les performances de Brad Pitt et de Juliette Lewis.
6,5/10