Après seulement deux longs-métrages et la surprise de Subway, Luc Besson produit, dans l’esprit de ce succès, le premier film de Didier Grousset. Affiche alléchante avec une belle promesse de science-fiction, Kamikaze tente d’être un polar aussi rythmé que son aîné et, avec Éric Serra au score, envoie de la bonne funk eighties pour combler ses lacunes…
Rien de mémorable donc.


Albert, génie de l’électronique et de l’informatique, se fait virer de son boulot. Hébergé par son neveu, il pète un câble devant la télévision et cherche alors à tromper son ennui tout en assouvissant une incontrôlable vengeance. Bientôt, speakerines et journalistes meurent en direct sur les plateaux de télévision. Sans aucune trace d’arme ni de projectile, l’inspecteur Romain imagine rapidement qu’un assassin opère à distance, confortablement assis dans l’anonymat de son salon, à travers le poste. Incapable de comprendre le mécanisme à l’œuvre, il fait appel à une large équipe de scientifiques pour réussir à piéger l’insatiable tueur.


Le pitch, intéressant, offre de belles promesses et l’on s’attend à se laisser porter par un thriller noir doublé d’une profonde critique de l’avilissement télévisuel. Quelque chose qui pourrait être culte tant le sujet mis en lumière alors, au milieu des années 80, serait novateur. Mieux : précurseur ! Malheureusement il n’en est rien. Loin de là. La mise en scène manque cruellement d’inventivité là où de nombreuses séquences auraient mérité d’originales expérimentations. Le rythme, tenu par l’indigeste bande-son d’Éric Serra, n’a rien de fluide et le final ressemble à



un assemblage inégal de saynètes :



équilibre précaire, branlant.




  • Je mets le pinpon ?

  • Ouaih, et ta ceinture aussi !



Voilà pour le niveau des dialogues… Malgré le casting qui voit Michel Galabru prendre à bras le corps un rôle de sombre déjanté, tenter de lui donner relief et suées, Richard Bohringer en flic impliqué, entier à son enquête, il y a, dans le manque d’exigence de l’écriture autant que de la réalisation, trop d’éléments qui viennent plomber leur prestation. Là où la finesse, le suspense par le non-dit ou de belles ellipses auraient servi la noirceur d’un polar violent, le réalisateur, en cherchant à rendre (trop) évident l’essentiel, dessert son récit.


Est-ce l’époque qui manque d’exigence ? L’inexpérience de Luc Besson producteur ou celle du jeune réalisateur ? Un probablement trop petit budget pour l’ambition de base du scénario ? Kamikaze, c’est le suicide initial de Didier Grousset, réalisateur sans talent et sans idée quant à la narration audiovisuelle. Là où l’idée originale promettait une réflexion complexe et engagée autour de l’attraction abêtissante de la télévision, de ses effets néfastes auprès d’une société intellectuellement abandonnée, le scénario passe tout à la trappe et la mise en scène lui emboîte le pas dans



un polar grossier



dont seuls sont à retenir l’investissement des comédiens.
Un grand gâchis.

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le 5 janv. 2017

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