Des corps sont retrouvés. Anthony Quinn est médecin légiste pour Scotland Yard mais ne manie pas seulement le scalpel pour les morts. Il semble en vouloir à une organisation gangster dirigée par la redoutable Georgina Thereshkova, pornocrate et trafiquante de drogue.


Richard Driscoll acteur, scénariste, producteur et réalisateur n’est pas vraiment connu, mais gagne peut-être à l’être. La plupart de ses films sont des films de genre, entre horreur et action musclée, généralement sortis en vidéo, qui récoltent tous des notes et critiques très mauvaises. Kannibal en tête, ou dans le fonds, c’est selon.


Il règne dans ce film une certaine décomplexion, un détachement qui va à l’encontre de productions parfois bien plus audacieuses, ou qui savent mieux cacher leur manque de moyens. Kannibal est une histoire de vengeance, mais aussi de tripes, de sexe et de drogues. Il y a une fascination chez Richard Driscoll pour l’éventration, avec un peu de tripes qui pendouille, d’un rouge bien vif. Ces ventres dénudés de l’intérieur s’accompagnent parfois aussi de poitrines offertes au regard. Le film ne manque pas de jeunes femmes et de désirs, dans le pêché et le vice.


Georgina Thereshkova est obsédée par son désir, brûlant et brutal à l’image des femmes. Le personnage rappelle celui de la réalisatrice d’Ultra Pulpe à 15 ans d’écard. Les deux films partagent d’ailleurs le désir de révisiter le film de genre dans une autre direction, chacun avec des résultats différents. C’est Linnea Quingley qui l’incarne, probablement l’une des plus célèbres égéries du genre. Anthony Quinn est présenté comme un meurtrier calme mais dangereux, amateur de viande humaine. c’est presque comme si Richard Driscoll avait voulu faire son film avec Hannibal Lecter, en plus gore. Le titre y fait penser d’ailleurs.


C’est comme si le film cherchait à choquer, mais dans un ton adolescent, sans prêter à conséquences. Pour le plaisir de le montrer. Dans le film, deux acteurs jouent pour un film porno, l’un est en costume allemand, et la fille se moque de lui parce qu’il en a une petite. C’est de cet esprit qu’il est important de parler. Le film est d’une simplicité désarmante, à un point qui pourrait frôler la bêtise. Comme le coffre-fort, qui contient des documents importants sur la culpabilité de tel personnage, mais qui n’est pas fermé correctement, à deux reprises. Ou les corps retrouvés qui ne correspondent pas à ce qu’on pourrait attendre selon leur mort annoncée, mais l’effet visuel est plus important que la crédibilité.


Le niveau de distance avec l’image est tel que même la réalisation est intrigante à regarder et analyser. A cause de ses moyens, la photographie est entre la sitcom et le film érotique, dans l’échantillonnage des couleurs. Un résultat qui parlera aux plus vieux, entre les sitcoms AB et les téléfims érotiques du dimanche soir de M6 des années 1990. Le film date de 2001, tout de même, et il fait bien plus daté que son âge. On reconnaît d’ailleurs les scènes hachées, sans efforts de transitions. C’est encore accentué par des effets ringards, tels que les zooms et dézooms ou l’image qui tourne sur elle-même.


La bande-son est du même cubi, entre reprises de classiques, ça coûte moins cher, et morceaux tirés de boîtes à rythmes comme on en entendait tant à la fin du siècle.


Soit Richard Driscoll a un passé bien trop pesant dans ce genre de productions à bas coût, soit il faut voir le film avec un grand recul, et même plusieurs grands pas au loin. Il est outrancier et kitsch, comme une relecture ironique d’Hannibal Lecteur, couplé à ce qui traînait dans le frigo depuis plusieurs jours.


Et c’est peut-être de ça qu’il s’agit, ou pas du tout. Dans l’image qu’on peut se faire du cinéma horrifique anglais, entre monstres de la Hammer et comédies horrifiques à la Shaun of the dead, ce film semble sortir de nulle part. Le film détonne, soit qu’il était dans une parfaite méconnaissance de son ratage, soit dans son étrange indifférence ou indulgence avec lui-même. Pour moi, Kannibal est à prendre à un second degré bien lointain, pour un intrigant visionnage. Heureusement, il est très court.

SimplySmackkk
5
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes +135 (Films) et Défi : Abécédaire de films

Créée

le 12 mars 2020

Critique lue 334 fois

5 j'aime

2 commentaires

SimplySmackkk

Écrit par

Critique lue 334 fois

5
2

D'autres avis sur Kannibal

Kannibal
Les-Oublis-du-cinma
1

Un plagiat honteux

😈 Salut à tous amis de l'angoisse !!🧚‍♀️Ce soir, un Oublié qui m'a quelque peu mis en "delicatesse" avec Goldy !!Il paraîtrait que j'ai été trop dure avec cette daube... pardon ce film...

le 1 avr. 2024

Du même critique

Calmos
SimplySmackkk
8

Calmos x Bertrand Blier

La Culture est belle car tentaculaire. Elle nous permet de rebondir d’oeuvre en oeuvre. Il y a des liens partout. On peut découvrir un cinéaste en partant d’autre chose qu’un film. Je ne connaissais...

le 2 avr. 2020

51 j'aime

13

Scott Pilgrim
SimplySmackkk
8

We are Sex Bob-Omb and we are here to make you think about death and get sad and stuff!

Le film adaptant le comic-book culte de Brian aura pris son temps avant d'arriver en France, quatre mois après sa sortie aux Etats-Unis tandis que le Blu-Ray est déjà sur les rayons. Pourquoi tant de...

le 5 janv. 2011

44 j'aime

12

The King's Man - Première Mission
SimplySmackkk
7

Kingsman : Le Commencement, retour heureux

En 2015, adaptant le comic-book de Mark Millar, Matthew Vaughn signe avec le premier KingsMan: Services secrets une belle réussite, mêlant une certaine élégance anglaise infusée dans un film aux...

le 30 déc. 2021

39 j'aime

12