Kansas City n’est pas un grand Altman, mais c’est un Altman, donc un très bon film. Qui mieux que lui réussit aussi bien à filmer un récit éclaté, où se mêlent les histoires parallèles, où les personnages se croisent sans nous perdre. Altman réalise un film-hommage au jazz et à sa ville natale reconstituée en 1934 quand il avait à peine 10 ans. Une petite télégraphiste qui se rêve en Jean Harlow, kidnappe la femme d’un politicien local par ailleurs conseiller du président Roosevelt, espérant qu’il fasse libérer son jules, petit malfrat endetté auprès d'un chef de gang noir, propriétaire d'une boîte de jazz où règnent l'alcool et le jeu et où le jazz se joue jusqu’au bout de la nuit dans d’interminables cutting contest (les « battle » de l’époque). Sur fond de pègre, de magouilles politiques et de jazz, Altman dépeint la dépression, les alliances entre mafia et politiciens, le "racisme paternaliste", la violence des règlements de comptes... L’image est superbe, la reconstitution impeccable, les voitures d’époque rutilantes, et la musique est enregistrée live par des musiciens qui se posent tous un peu là.