Après "Coroner Creek" (1948), "les chevaliers du Texas" (1949), voici "Kansas en feu" (1950) du même Ray Enright.
Comme "Les chevaliers du Texas", l'action se déroule pendant la guerre de Sécession. Comme dans "Coroner Creek", le rôle féminin est dévolu à Marguerite Chapman dont le rôle est à nouveau d'être la conscience de ce western. Par contre, ici, le héros masculin sera assuré par un jeune Audie Murphy de retour de la seconde guerre mondiale.
"Kansas en feu" parle du fameux personnage historique Quantrill qui, après avoir été un temps dans l'armée sudiste, avait trouvé bien plus profitable d'organiser des raids au Kansas à partir du Missouri pour y effectuer des pillages ou des massacres (ville de Lawrence) pour son propre compte. Le scénario du film démarre avec l'intégration de la bande James-Younger venue elle aussi du Missouri et finit avec la fin de la bande Quantrill.
Comme bien souvent dans les westerns, le scénario s'arrange de la réalité historique à commencer, ici, par les âges des acteurs par rapport aux âges des vrais personnages beaucoup plus jeunes. La fin de Quantrill ne fut pas, non plus, aussi héroïque que celle présentée dans le film puisqu'il est mort à l'hôpital des suites d'une blessure. Mais ce n'est pas vraiment si important que ça.
En effet, ce qui transparait du film et qui est autrement plus intéressant, c'est le problème moral qui se pose à Jesse James (Audie Murphy) face aux pillages et massacres qui n'ont plus rien à voir avec la cause sudiste qui n'est plus qu'un prétexte. Même si au fond, il reste subjugué par la personnalité de Quantrill et ne fera pas grand-chose pour s'y opposer. C'est aussi l'attitude de Kate, la maîtresse de Quantrill (Excellente Marguerite Chapman) qui s'épouvante de l'évolution de Quantrill entre l'idéaliste du début, au service du général Lee et le boucher et pillard qu'il est devenu quelques années plus tard. Elle n'a de cesse de vouloir inverser le cours infernal des évènements notamment en s'assurant de l'appui du personnage de Jesse James mais c'est désormais peine perdue.
Le film ne cherche pas à atténuer l'horreur des exactions de la bande de Quantrill ni des comportements des différents protagonistes. Par exemple, la bagarre au couteau entre Audie Murphy et un bandit qui se tiennent à distance par un mouchoir tenu entre leurs deux mâchoires et qui se termine férocement.
Outre les rôles tenus par Audie Murphy et Marguerite Chapman, le personnage de Quantrill est interprété par Brian Donlevy âgé d'une bonne cinquantaine alors que dans la réalité, il n'a pas plus de 25 ans.
On reconnait sans peine le jeune et beau Tony Curtis dans le rôle d'un membre de la bande à Jesse James.
Au final, avec "Kansas en feu", on a affaire à un fort intéressant western traité dans une mise en scène nerveuse sans temps mort, aidé par un beau technicolor.
Même si la réalité historique semble un peu arrangée, il n'empêche que Ray Enright met bien l'accent sur un chapitre bien sordide et bien noir de l'histoire des Etats-Unis.