Lanzmann critiquait l'illustration de la Shoah à l'écran par plusieurs réalisateurs, comme Pontecorvo. Comment représenter l'indescriptible, l'ignoble ? Comment osons-nous le faire ? Aucune représentation ne peut réellement définir ce vécu atroce des camps concentrationnaires.
Kapò est criticable sur de nombreux points.
On peut voir quelques aspects peu réalistes dans la facilité qu'a Edith à se faire passer pour Nicole, sa rencontre avec Sasha ou encore sa montée en grade très rapide. Mais on l'accepte car on se dit que c'est théoriquement possible, bien que rare.
Aussi, il faut mentionner son actrice principale, que l'on peut trouver tantôt niaise, tantôt cruelle. Mais le personnage d'Edith/Nicole montre un aspect assez pertinent de cette période : la façon dont l'espoir de vivre surpasse l'humain, qui se trouvera à agir mécaniquement contre ses propres valeurs dans le seul espoir de ne pas mourir.
Certains plans sont marquants, et montrent la déchéance d'êtres complètement déshumanisés. La partie romantique de l'histoire ne m'a pas parue si convaincante, mais illustre un dilemme intéressant : se préserver soi ou sauver les autres.
Finalement, notre belle martyre finira par choisir le sacrifice. Mais qu'a-t-elle réellement sauvé...?
Un beau film.