Un film poignant sur les massacres de Katyn !
Sans doute le film testament d’Andrej Wadja, celui qu’il a voulu réaliser durant toute sa vie. Hommage à la Pologne martyre, hommage à son père, assassiné à Katyn.
Le film s’ouvre sur l’invasion de la Pologne, en septembre 1939, par les forces armées allemandes et, quelques jours plus tard, par les troupes soviétiques.
Sans fioriture, sans excès de sensiblerie, mais sans atermoiement, Wajda nous dépeint avec beaucoup de force le rude chemin qui mène aux sombres forêts de Smolensk, lorsque seront assassinés plusieurs milliers de Polonais, - officiers, sous-officiers, gendarmes, mais aussi étudiants, médecins, professeurs -, entre avril et mai 1940.
Wajda souligne également le caractère totalitaire de l’occupation allemande dans le Gouvernement général. Une scène forte restitue la fermeture de l’Université de Cracovie et l’envoi de tous les professeurs en camps de concentration. A travers la douleur et l’ignorance des familles, Wajda nous retrace des années d’interrogation, de doute, de mensonges.
La chape des propagandes s’entrechoque, brisant la Pologne martyre, à l’image des documentaires réalisés sur le massacre, à quelques mois de distance par les anciens alliés. Pour les Allemands, les exécutions ont eu lieu en 1940 et les Soviétiques en sont responsables. Pour Staline, en revanche, ce sont bien les Allemands, après le déclenchement de l’opération Barbarossa, en juin 1941, qui exécutèrent sommairement les prisonniers polonais. L’histoire a tranché, depuis longtemps d’ailleurs, mais il ne fallait pas que l’on apprenne la vérité sur ces terribles événements et la conspiration du silence a régné pendant plus de quarante ans. En Europe de l’Est, bien entendu, occupée par les Soviétiques, mais aussi en Europe occidentale, et en France notamment, les nazis devaient être responsables du crime, et cela en dépit des informations précises qui existaient dès la fin des années quarante.
Plus encore que les massacres en eux-mêmes, ce sont surtout le secret, le silence, la dissimulation qui sont au centre du récit. Ce que certains savent ou redoutent ne doit surtout pas apparaître au grand jour et l’on suit pas à pas le destin des familles des disparus au lendemain de la guerre.
Film classique certes, mais sans excès, contrairement à l’avis de certains critiques ; en tout cas un film poignant et émouvant. La distribution se révèle à la hauteur du sujet.
A noter encore que ce film n’a pratiquement pas été distribué en France.