Appelez Lee Harvey Oswald.

Séance de Minuit à Cannes, notre sixième film de la journée, tumulte enthousiaste lors de la scène d'ouverture propulsée par une musique très entraînante... Puis une longue aphasie de 2h30, bonne nuit les petits. On s'imagine très bien la personne qui a sélectionné ce film se dire "Tiens, RRR a eu un brillant succès auprès du public cinéphile, c'est à la mode le film indien, alors casons-en un", mais sans avoir regardé ledit film... Car, très rapidement, on voit que le scénario patauge dans une lenteur infernale (l'intrigue n'avance pas), dans une mise en scène fade, dans un jeu d'acteur qui mise tout sur la froideur de son personnage central (froideur qui nous en éloigne vite, en réalité), et n'arrive jamais à faire éclater le potentiel de son propos (dénoncer les corruptions des autorités indiennes, via le personnage du mercenaire qui se fait abuser par le système qui l'a employé). Kennedy est "l'anti-RRR", un thriller morne et incroyablement long. Les têtes des spectateurs se sont peu à peu plongées dans les fauteuils ou sur l'épaule du voisin, et l'habituelle standing-ovation interminable (un "to-do" cannois de convenance, quelle que soit la qualité du film) a finalement été bien courte, tout le monde voulant atteindre le lit pour continuer leur nuit (entamée à 1h de film environ). Pour nous qui avons tenu nos paupières à deux mains, Kennedy n'a cessé d'être un pénible film policier à l'action très disparate (une scène d'action pêchue, pour 30 minutes de blabla inutile), aux personnages vides (on n'a même pas compris le personnage de l'ami : n'est-il pas un peu amouraché du policier ? Et plus largement : à quoi sert-il dans l'histoire ?), à la critique du système corrompu très peu fine (on a même un gros texte explicatif au début du film, au cas où on ne sache pas suivre l'histoire du mercenaire ripou...), et au final décevant (

Et après ? On a attendu 2h30 pour ne même pas savoir ce qu'il advient du mercenaire ? Remboursez notre invitation !). Kennedy donne rapidement une envie de dormir, ou de se flinguer. Appelez Lee Harvey Oswald.