Kenny n’est pas un enfant de 13ans comme les autres, en effet il a un handicap physique lourd qui ne laisse personne insensible et pour cause, il est un « enfant-tronc » (il n’a pas de jambe et marche sur ses mains). Il vit dans un quartier ouvrier de Pittsburgh au sein d’une famille aimante et malgré son handicap, cela ne l’empêche pas de mener une vie parfaitement normale pour un jeune de son âge. Son quotidien ainsi que celui de sa famille va être bouleversé lorsqu’une équipe de la télévision française débarque pour réaliser un documentaire sur lui et ses proches.
Bien que le film soit méconnu en France, Kenny (1987) aura marqué le Québec à sa sortie, ne laissant pas indifférent à la fois les critiques et les spectateurs. Il s’agit d’une œuvre de commande de la part d’un producteur japonais (ce qui explique pourquoi nous avons affaire à une coproduction canado-japonaise). Après être allé à la rencontre de la famille Easterday à Pittsburgh en Pennsylvanie, Claude Gagnon accepte de réaliser le film et embauche Kenny (l’enfant-tronc) pour jouer son propre-rôle, ainsi que son frère ainé (qui joue donc son propre frère). L’intrigue se déroule à Pittsburgh et nous donne à voir une famille de la classe populaire et leur jeune fils qui, malgré son handicap, s’avère être d’un naturel déconcertant, doté d’une remarquable personnalité et d’une grande force de caractère.
Claude Gagnon filme l’univers de Kenny et le quotidien de cette petite famille, donnant parfois l’impression d’être devant un documentaire. Sous couvert de réaliser un drame familial, le réalisateur en profite aussi pour dénoncer la manipulation des médias et particulièrement du cinéma documentaire avide de sensationnalisme (avec cette équipe de tournage française, très intrusive et aux méthodes plutôt… dérangeantes).
La révélation du film est bien évidemment Kenny, ce garçon est tout bonnement bluffant et doté d’une grande force mentale. Jeune et espiègle, avec son "rouli-roulant" (la "planche à roulettes" en québécois), fonçant à toute berzingue dans les rues désertes de Pittsburgh. Claude Gagnon nous offre là un très beau film, un drame intimiste que certain pourraient taxer de voyeuriste, mais il n’en est rien.
Kenny Easterday est décédé en 2016 à l’âge de 42 ans (Il était atteint d’agénésie sacrée, plus communément appelé, syndrome de régression caudale, maladie qui avait causé l’amputation de ses jambes et du bassin lorsqu’il a eu 6 mois).
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