Retour au contemporain pour Robert Guédiguian, qui filme les retrouvailles de 4 amis d'enfance dans les jardins d'une villa dans lesquels ils jouaient quand ils étaient gamins (les parents de l'un d'eux étaient la cuisinière et le jardinier de la propriété). Le film n'est pas follement original (dans le genre "bilan"), mais est intéressant à plus d'un titre. Tout d'abord, c'est le premier film de Guédiguian dans lequel joue Jean-Pierre Darroussin. Côté cinéma, on notera, avant la dernière partie, une nuit magique entre certains protagonistes, qui, on le comprendra vite, n'est qu'une consolation face au désenchantement. Ce dernier tient à la fois de la déception politique et du passage à l'âge adulte, en tout cas de l'adieu à l'enfance. Mais, parallèlement, en contre-point, Guédiguian insert des plans d'une ribambelle d'enfants à proximité : la signification de ces plans fait partie des petits suspenses du film.
"Dieu vomit les tièdes", le film suivant du cinéaste, enfoncera le clou, gardant le même quatuor d'interprètes (Ascaride, Banderet, Darroussin, Meylan), le même type de personnages qui se retrouvent. Ce sera un peu moins convaincant, comme la fin d'un cycle, même si sa noirceur peut se voir comme une prémisse de "La Ville est tranquille", l'un des ses plus grands films, qu'il tournera au début des années 2000, en pleine possession de ses moyens...