Une nouvelle pièce dans l'oeuvre si variée et si cohérente de Woody Allen. L'argument scénaristique est une sorte d'inverse de celui d'"Escrocs mais pas trop" (2000) : Jasmine (Cate Blanchett), mariée à un grand escroc à la Madoff (Alec Baldwin), quitte sa vie de grande bourgeoise new-yorkaise et, ruinée, est hébergée chez sa soeur caissière à San Francisco (Sally Hawkins, découverte chez Mike Leigh). Cela aurait pu être un portrait de femme rongée par le doute, comme l'était "Une autre femme" (1989). Mais Woody Allen adore mettre du noir dans la comédie et de l'humour dans la tragédie, comme il l'assumait dans le film-manifeste "Melinda et Melinda" (2005). Ainsi, le cinéaste est loin d'accompagner avec empathie la trajectoire descendante de son héroïne, il la regarde avec une cruauté très drôle. Le film partage deux caractéristiques avec "Match Point" (2005) : la satire sociale sous-jacente, et une construction narrative qui permet des coups de théâtre d'une grande férocité. Après le catastrophique "To Rome with love", seul échec artistique de sa carrière, Woody Allen revient au sommet.