Y a-t-il un pilote dans l'avion ? Non, juste Jeff Wadlow

Après un tapage médiatique intense et une longue attente pleine d'espérances pour tous las fanboy de cet OFNI qu'est kick-ass, savant dosage entre l'univers froid et violent des mafieux de la ville et des personnages barrés, looser ou vigilantes psychotiques, est enfin sorti le séquel tant convoité. Passant des mains de Matthew Vaughn à celle de Jeff Wadlow pour la réalisation du long-métrage, ce kick-ass 2 promettait, faisant miroiter son bel emballage marketing avec notamment l'arrivée de Jim Carrey au casting. Sauf qu'une fois en salle le bel emballage révèle un film d'exploitation visant clairement le public adolescent, allant jusqu'à renier les bases du film dont il est pourtant la suite directe.

Pourtant le premier tiers du film n'est pas forcément mauvais et nous montre tout ce que nous pouvions attendre. L'introduction des vigilantes se fait alors facilement et la légèreté qui se dégage de cette partie laisse à penser que le film s'axe d'avantage sur le gentil divertissement, loin d'une coup de poing du premier opus. Mais déjà on sent le scénario s’essouffler et, quand il se tourne vers le teen-movie rose et bien girly, déverse tous les poncifs du genre en s'ancrant dans une réalité aussi superficielle qu'inutile. Cette tentative d'évolution des personnages alourdit le film alors que le spectateur comprend déjà vers quelle fin le film se dirige. Certes il y a des pointes d'humour voire même une tentative de caricature mais à caricaturer les topos le film se mord la queue, devenant une caricature de la caricature. A partir de là tout part en vrille et le scénario se fait tellement discret que l'on se surprend à ne même pas suivre l'intrigue tant les revirements de situations semblent convenus et n'ont de ce fait pas l'impact escompté. Il empêche cependant les longueurs et rythme finalement bien le film qui se laisse regarder malgré sa mauvaise qualité.

Je vous vois déjà pester sur le fait que ce film est avant tout un divertissement et que, par conséquent, il serait normal que le scénario passe au second plan. Alors là j'ai envie de répondre oui, mais non car le divertissement offert par le film se résume à une violence graphique gratuite, même pas inventive qui rappelle son prédécesseur au point de sentir le déjà-vu. Ce défouloir reste limité par l'humour général enrobant le film, gras à souhait et rappelant avec délice la phase pipi-caca de nos chers bambins. Et de ce côté là le film se lâche, du vomi et de la scatophilie sont au rendez-vous, faisant presque regretter qu'ils n'aient pas rajouté une touche subtile de vomi fécale. Aussi vulgaire soient ces scènes, il reste néanmoins dans le film des pépites d'humour provenant le plus souvent de l'hallucinant MotherF*cker, l'archétype du némésis des comics qui se laisse emporter par une folie vengeresse qui remonte le niveau général du film.

Et dans tout ce délire se noie paisiblement la grande majorité du casting, toujours dans l'excessif voire carrément dans le néant total comme pour Olga Kurkulina qui ne parvient jamais à convaincre malgré son personnage. Cependant même si le film s'axe encore beaucoup sur hit-girl jouée par Chloë Moretz, l'enfant devenue adolescente ne bénéficie plus de la candeur physique qu'elle avait dans le premier volet, rendant le personnage beaucoup moins attachant qu'auparavant. Alors quand la gamine sociopathe fait place à l'adolescente il est clair que le personnage d'hit-girl doit laisser sa place à une nouvelle tête d'affiche. Et c'est là que s'illustre le bad-guy du film, le déjanté Christopher mintz-plasse qui offre avec son cabotinage la meilleure prestation du film, tout simplement jouissive à chaque apparition. Jim Carrey aurait lui aussi pu prendre sa place avec son personnage pour lequel, chose rare dans la carrière de l'acteur, il compose autre chose que son délire habituel. Ce colonel Stars and Stripes a d'ailleurs tout un potentiel inexploité tant le cynisme de la nature même de ce vengeur, ancien mafieux ayant rencontré la foi pour combattre sous la bannière étoilée avec une violence décomplexée, en fait un personnage complexe qui est malheureusement réduit et stéréotypé par le maigre scénario. Aaron Taylor Johnsson se voit alors reléguer au second plan par les enjeux inexistants pour son personnage de kick-ass, servant d'avantage à justifier le titre et sa présence sur l'affiche. On a de ce fait du mal à s'attacher à lui ou alors à un quelconque personnage du film, tous étant soient résumé à un nom, soient contradictoire dans leurs choix ou encore tout simplement vides et débiles, ce qui est vrai en particulier pour l'armée maléfique du MotherF*cker.

J'aimerais avant de conclure passer rapidement sur ce qui est pour moi la plus grosse blague du film, sa direction artistique tout bonnement inexistante. En plus de choisir des cadrages peu judicieux lors des scènes de combats passées à la moulinette par un montage saccadé à vous rendre épileptique, le film se permet des effets spéciaux plus que limites, comme lors de la scène sur le van où toute la mise en scène rappelle une série B de troisième partie de soirée sur une chaine low-cost. C'est certainement le point où il y a le plus de choses à dire tant le film semble laissé à l'abandon mais je préfère m'arrêter là plutôt que de cracher ma haine à ce sous-produit contrefait qui oublie trop vite tout ce qu'il doit au précédent film à l'instar des nombreuses références qui ponctuaient ce dernier, totalement absentes de sa suite.

Kick-ass est drôle, violent, réaliste, surprenant et bien écrit, tant d'adjectifs que l'on ne peut attribuer à sa suite.
Bat-e-man
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le 30 août 2013

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I Bat(e)man I

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