Un coup de pied au cul trop cru et pas assez noir !
Allez, c'est parti, on va tenter d'écrire un petit quelque chose sur la suite Kick-Ass, sorti aujourd'hui chez nous. Changement derrière la caméra pour commencer, Vaughn ne sera que producteur cette fois ci et passe le flambeau à Jeff Wadlow à qui l'on doit le mauvais Never Back Down.
Trois ans se sont écoulés depuis les événements du premier épisode, et l'arrivée de Kick-Ass a permis l'éclosion de héros un peu partout en ville, tous affutés de déguisements faits maisons plus ridicules les uns que les autres. Cela dit, l'inspiration qui a entrainé ce mouvement est un gars en grenouillère avec des énormes gants jaunes de cuisine alors ça reste cohérent. Le paradoxe comme le fait remarquer en voix off notre héros, lui qui a réussi à faire lever les gens de leurs canapés ne fait rien d'autre que rester prostré dans le sien depuis. Il décide donc de retrouver Mindy pour lui proposer une association façon Batman et Robin et démarre un entrainement intensif pour se perfectionner. Seulement il ne se doutait pas que son ancien rival Red Mist devenu entre temps MotherFucker souhaitait venger son père et s'apprête à lever une armée pour réduire la ville à feu et à sang...
Voilà comme vous pouvez le lire dans ce résumé abracadabrantesque, Kick-Ass c'est ça, du WTF constant, du fun à l'état pur, c'est jouissif, subversif et c'était ça qui faisait la force du film en 2010. De ce côté là cette suite est dans la lignée directe du premier volet, on en prend plein la vue, c'est du grand n'importe quoi comme j'aime, c'est même encore plus désopilant dans le sens où l'on obtient les Avengers du pauvre. Des gens comme vous et moi qui se sont tricotés une bricole avec la machine à coudre de Mamie et qui plein de bonnes intentions souhaitent sauver la veuve et l’orphelin. On rigole souvent des pitreries dans lesquelles se fourrent les good guys tout comme les méchants qui ne ressemblent à rien, Chris d'Amico en tête qui part dans un tel trip que ça en devient aberrant.
Et côté casting, Chloë Moretz explose à nouveau l'écran qui du haut de ses 15 ans, pète la classe et reste d'un naturel impressionnant aussi bien dans les situations les plus coassasses que dans les scènes de combat. Cette gamine n'a pas fini de nous étonner et évince toujours autant Aaron Taylor-Johnson qui semble transparent à côté d'elle. La chance d'avoir Jim Carrey n'est pas du tout assez exploitée, très regrettable au vu du potentiel du personnage, et quel dommage de faire subir le même sort à Donald Faison alias Turk dans Scrubs qui ne sert à rien du tout. En revanche bonne surprise de la part de Christopher Mintz-Plasse que je trouvais très faible et qui révèle un gros potentiel comique ici.
Si cette suite avait pu en rester là et garder la continuité du premier, elle aurait même pu devenir meilleur que son prédécesseur, seulement l'énorme hic du film c'est d'avoir bradé son humour noir et corrosif contre du Pipi/caca AmericanPieisé ( je ferais rentrer ce verbe dans le Larousse l'année prochaine) et qui m'a souvent sorti du film. Je n'ai rien contre la vulgarité quand on sait à quoi s'attendre, Kick-Ass premier du nom n'était pas un modèle de vertu et de finesse, mais il avait su ne pas franchir la ligne que celui ci explose totalement.
Je ressors de l'expérience assez mitigé, je vous mentirais en vous disant que je n'ai pas pris de plaisir, certaines scènes vont tellement loin dans la bouffonnerie qu'elles en deviennent bonnes. Mais j'ai été bien trop fréquemment sorti du film par cet humour potache qui est à des années lumières du cynisme ambiant qui sied tellement mieux à cet univers irrévérencieux. Kick-Ass 2 n'est au final que le brouillon de son grand frère et j'en suis le premier déçu.