Jean Claude Van Damme n’aura finalement pas mis longtemps à conquérir l’Amérique suite au succès de Kickboxer. Sa nouvelle célébrité lui est d’ailleurs assez rapidement monté à la tête, si bien qu’il est rapidement devenu trop cher pour le producteur Stephen J.Friedman qui missionna son scénariste David S. Goyer d’écrire une suite sans lui. Le plus simple sera donc de le faire mourir. Mais là encore JCVD n’est pas d’accord et refusera de participer à cette mascarade qui déshonore son personnage. Son ami Michel Qissi sera déjà moins difficile à convaincre et reprendra son rôle de Tong Po afin de monter une invraisemblable vengeance à l’encontre du cadet de la fratrie Sloan dont on a jamais entendu parler. Pour Sasha Mitchell, c’est le rôle d’une vie qui se présente à lui, ancien mannequin pour Calvin Klein, et plus connu pour son rôle de Cody, le grand dadais de la série Notre belle famille. L'acteur également ceinture noire de Tae Kwon Do était alors en quête de respectabilité et a vu cette opportunité comme un tremplin vers la gloire. Albert Pyun était le candidat idéal à la succession de Mark DiSalle et David Worth. Cette année fût d’ailleurs assez prolifique pour lui puisqu’il tourna également Bloodmatch un autre film de kung-fu mais également Dollman pour le compte de Charles Band.
Si Kickboxer reprenait plus ou moins la trame scénaristique de Rocky IV, Kickboxer 2 s’inspire également de Rocky V sorti un an plus tôt. On y suivra là aussi la relation tumultueuse entre un maître et son élève qui rêve de pouvoir mener une carrière professionnel. Forcément l’apprenti va brûler les étapes et consommer des stéroïdes pour se hisser au sommet en dépit des avertissements de son senseï qui passe son temps à insuffler des leçons de moral et de philosophie aux jeunes du quartier qu’il ramasse dans les rues alors qu’il peine à maintenir son club de sport à flot. Finalement David Sloan acceptera de remonter sur le ring afin de régler ses comptes avec le milieu pro, le temps d’un combat qu’il va d’ailleurs gagner haut la main. Mais la gloire ne sera que de courte durée, puisqu’il se fera tabasser et tirer dessus et que l’un des jeunes qu’il avait pris sous son aile finira calciné dans l’incendie de son gymnase. Evidemment le responsable n’est autre que l’horrible Tong Pô qui après avoir déjà assassiné ses deux frères, souhaite également venger son honneur en combattant le cadet dans l’arène. David devra donc faire preuve de résilience, réapprendre à marcher, suivre un entraînement presque aussi douloureux que son frère aîné, exerçant des tractions sur un arbre avec des agglos sur les jambes quant il n’est pas carrément poussé du toit d’un immeuble avec une corde. Xian Chow reprend d’ailleurs le rôle du vieil ermite pas net, débarquant de sa cahute pour entraîner David et l’aider à surmonter son complexe d’infériorité, en même temps quand tu passes après JCVD et Dennis Alexio, y a quand même de quoi.
En bon disciple de l’école du manichéisme, Albert Pyun fait de son grand dadais un héros au grand coeur véhiculant toutes les plus belles valeurs d’un sport pervertit par le crime organisé et des agents véreux sans aucun scrupule, cherchant à exploiter leurs poulains pour se faire du pognon sur leur dos quitte à les les envoyer au casse-pipe. Ce sera donc le combat de l’homme blanc, simple honnête et civilisé contre celui de l’homme jaune, cupide et sournois. Cette suite aligne tous les poncifs et clichés déjà à l’oeuvre dans le premier opus, si bien que l’on se prêtera plus souvent à rire des situations excessives qu’à être réellement ému par la mort de l’élève atomisé sur le ring par Tong Po sous les yeux du comité exécutif qui ne croit pas bon faire cesser le massacre sur le ring. L’absence d’expertise pour les chorégraphies se fait néanmoins cruellement ressentir, et les receveurs se contenteront surtout d’en prendre plein la gueule quitte à jouer les punching ball humain. La mise en scène ne permet pas non plus de rendre vraiment hommage aux combats à cause de ces nombreux cuts et gros plan qui hache considérablement les échanges. L’affrontement final arrivera d’ailleurs comme un cheveu sur la soupe, et manquera d’un véritable souffle épique ou d’une plus forte dramaturgie pour parvenir à nous passionner réellement. Mais malgré ses faiblesses relatives, Kickboxer 2 reste un film attachant qui parvient à emporter l’adhésion grâce à la photographie de George Mooradian et le petit minois de Sasha Mitchell qui passe plutôt bien à l’écran même si ses qualités de combattants sont tout de même loin d’égaler celles de JCVD. Comme dirait l’autre, « faut savoir perdre et rester digne ».
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