Lorsqu’on évoque le nom d’Hayao Miyazaki, on pense tout de suite au surnom qu’on lui a attribué de maître de l’animation japonaise et à ses films d’aventure aux enjeux multiple sur fond de fable anti-guerre et écologique. Mais c’est aussi le passage à l’âge adulte et l’intégration du héros dans un milieu qui lui est inconnu, et dans cette catégorie on peut y répertorier Le Voyage de Chihiro et aussi Kiki la petite sorcière qui doit être, sans aucun mal, le film le plus léger de sa filmographie.
Pour tout dire j’ai dû revoir une seconde fois ce film car mes souvenirs remontaient à loin, et je n’avais pas été aussi emporté que pour d’autres films du même auteur bien plus médiatisés, mon souvenir du film se cantonnant à un divertissement plutôt mignon et sympathique mais qui ne parvenait pas à susciter un rel attachement contrairement à d’autres productions du vieux Miyazaki.
Et il est vrai que contrairement à un Princesse Mononoké ou à un Voyage de Chihiro, il n’est ni question de grande univers fantastique étendu et enrichissante à l’exception de la condition de sorcière de notre héroïne ou d’une quête au instants bordée de poésie et d’intemporalité comme le voyage dans le train. Ce qui n’empêche pas Kiki la petite sorcière de rester dans le cadre des thématiques chers à l’auteur : l’intégration et la découverte pour le personnage central d’une nouvelle communauté et sur ce point, le film est loin de rater son objectif.
Il ne faut pas attendre plus longtemps que les premières minutes pour voir Kiki assumer son statut de film tranche de vie avec le thème du passage à l’âge adulte avec la jeune sorcière Kiki qui rejoint la longue lignée des héroïnes de la compagnie : indépendante et fière voulant assumer son émancipation dans la vie active et passant par les étapes de tout adulte qui se respecte dans la vie active.
De plus si on oublie l’aspect sorcellerie, qu’on ne garde que le contenu du script et le quotidien de Kiki ainsi que son évolution psychologique, c’est des épreuves réaliste et pertinente qui arrivent à tout à chacun (la difficulté à se lancer dans la vie active, le congé maladie lors de la déprime de la sorcière, la perte de la parole de son chat qui la rattachait à son enfance) et n’étant jamais traité avec superficialité.
Et si le film est parfois trop tendre avec son public et même un petit peu mamie gâteaux en terme de ton (surtout en ce qui concerne la bienveillance de certains personnages), ça n’en devient jamais écœurant.
Kiki, en plus d’être adorable à croquer (encore une fois doublée par Adeline Chetail mais qui en fait parfois un peu trop), se voit garnie d’un entourage varié ou les impressions varient constamment vis-à-vis de la sorcière : pas de rejet particulier malgré des protestations ou d’attachement déjà formé, à elle de s’intégrer en donnant d’elle-même et sa bonne volonté pousse à l’identification du spectateur.
Et comme pour Nausicäa, Hayao Miyazaki laisse respirer ses autres personnages.
De la chaleureuse Osono la boulangère au jeune passionné et curieux Tombo, en passant par l’artiste indépendante Ursula et le chat Jiji. Chacun prenant un rôle suffisamment prépondérant dans le parcours vers la maturité et l’indépendance de Kiki.
Non pas sans apporter un aspect comédie et taquin dans les échanges entre Kiki et son entourage qui renforce cette alchimie (notamment la peintre Ursula très directe et franc jeu dans ses échanges avec la jeune sorcière dans le dernier tiers).
D’ailleurs cette production a le mérite, là encore, de voir Kiki la petite sorcière tenir le coup presque 30 ans après sa sortie au Japon avec une animation 2D entièrement en celluloïds très reconnaissable à la patte du studio, reconstituant une ville européenne très variés mêlant la proximité méditerranéenne, l’ancienneté de certains bâtiments ou encore la présence de technologie moderne afin de rendre la reconstitution plus idéalisé et accueillante afin de détendre son public.
Et ou la tradition des sorcières se faisant à la fois discrète sans être entièrement étranger aux êtres humains.
Tout cela très adroitement accouplé avec l’ambiance sonore de Joe Hisaishi fidèle à son style habituel tout en proposant davantage de légèreté dans l’instrumentation que dans ses futures envolées symphoniques plus puissante et dramatique du style Princesse Mononoké, à noter qu’il a délaissé les synthés de Nausicäa pour des instruments traditionnelle.
Toute proportion gardée, il en ressort un film de détente loin d’être dénué d’idée et de réflexion : l’héroïne est dans la fière lignée de ce que le studio de Totoro a su nous proposer, c’est visuellement très soigné comme n’importe quelle production animée de la boîte, ça détend et l’ambiance sonore est des plus agréable. Ça n'a pas le même charme qu’un film plus relaxant et léger du cinéaste comme Ponyo sur la falaise, la patte du maître est toujours présente. Un film mineur pour le studio comme pour son réalisateur mais rien de malhonnête ou de mal foutue.