Kill Bill est un excellent film, Kill Bill est un film particulier, Kill Bill est un film que j'ai adoré, Kill Bill est un film de Tarantino. Magistral, imposant, mythique et culte, QT avait d'abord prévu un seul film, puis avait été forcé de scinder son œuvre en deux opus. Que dire donc de ce premier volet ?
Kill Bill est porté par une actrice exceptionnelle, j'ai nommé Uma Thurman. Sans avoir le physique avantageux dont bénéficient la plupart des stars féminines au cinéma, elle dégage un charme inouï. Elle a une prestance, une force qui impose le respect, et elle en devient tout simplement belle. Son personnage va, bien évidemment, au-delà d'une simple excellence d'écriture et de développement.
Je découperais, dans cette critique, le film et ses différentes scènes afin de pointer ce que j'aime vraiment. À ceux qui ne l'ont pas vu, je vous conseille de quitter cette critique afin de pouvoir profiter pleinement de ce métrage lorsque vous le verrez, et ce sans avoir mon avis détaillé en tête.
Et on commence. Premièrement on ne parvient même pas à distinguer ce qui se déroule sous nos yeux. La scène est sombre, tournée en noir et blanc. On réalise qu'il s'agit du visage ensanglanté d'une femme, une mariée plus précisément. Tout à coup, les "couleurs" prennent une signification : le blanc représente cette femme, et le noir, le sang. La caméra reste fixée sur ce visage, elle ne bouge presque pas Cette vision d'horreur est appuyée par des paroles prononcées et par la victime et par son agresseur pour l'instant inconnu, fortes malgré le fait qu'on ne sache pas encore les interpréter. On est captivés, voire pétrifiés, jusqu'au coup de feu qui retentit et qui, à priori, ne laisse aucun doute sur la suite des événements. Mais Kill Bill est lancé par cette scène hors du commun, et on n'a pas fini d'en baver.
La prochaine séquence présente le personnage principal. On découvre une femme pour le moins forte, prête à tout pour la vengeance, mais pour qui ce principe ne doit pas écraser les valeurs telles que l'honneur. Dès la première minute, Uma Thurman est parfaite, on l'admire et la respecte. La scène se déroule, introduisant l'histoire, mais implante également une violence choquante dans une scène du quotidien. L'effet produit est très réussi, on s'y retrouve et c'est assez plaisant.
Quentin Tarantino enchaîne les prouesse techniques et fait de ce film son film, et rien d'autre. L'écran divisé à l'hôpital, les plans sur la peau tendue de l'actrice, autant de petites choses sortant du cinéma ordinaire qui nous font retrouver cette atmosphère Tarantinesque qu'on adore ou déteste sans juste milieu.
Le réveil de la Mariée est spectaculaire : l'image est assombrie, les plans oppressants, l'ambiance hyper tendue. La suite sera violente, abominable, abjecte, mais juste au final. Vient une séquence qui serait même capable d'amener quelques rires, et le film varie les genres sans sourciller.
Bouge le gros orteil.
Le film se poursuit, le scénario se déroule, on est intéressé jusqu'à ce que certaines scènes nous captivent (à l'instar de celles citées plus haut). Tarantino est encore un génie de la narration, et il raccommode avec modération les passages de son histoire (pratique qu'il avait poussée à son apogée dans Pulp Fiction) pour qu'on y porte encore plus d'intérêt. Certains l'accuseront de faire ça pour sauver ses intrigues pauvres, mais non seulement elles sont riches, et de plus qu'y a-t-il de mal à vouloir rendre l'histoire qu'on raconte encore plus accrocheuse qu'elle ne l'est déjà avec des méthodes agréables telles que celles-ci ? Un certain mystère s'installe ainsi autour de la Mariée, des éléments sont expliqués mais d'autres restent flous. Bill surtout nous intrigue, qui est cet homme, quelles sont ses motivations ? Il se résume à une voix et un nom pour le moment, et Tarantino ne nous laisse pas le choix : on verra le deuxième volet dès que possible.
Le film multiplie les références et hommages : sans parler de ses ressemblances avec certains films de kung-fu et autres, ainsi que des ombres chinoises untilisées pour un combat, il honore les mangas dans une scène d'introduction d'un personnage fort : Lucy Liu interprète cette femme forte. Tarantino donne de la crédibilité à ses "méchants" en leur créant un lourd passé, et on les apprécie d'autant plus qu'on les admire un tant soit peu pour leurs exploits passés. Son passé est donc dépeint à travers une séquence exceptionnelle qui restera dans les mémoires. Imitant avec réalisme les animés japonais, Tarantino conte cette histoire en laissant tout de même sa marque de fabrique : le sang coule à flot. On retrouvera ces jets de globules rouges plus tard dans le film, lors du combat final, et cette exagération apporte quelque chose qui fait qu'on ne prend pas le film au sérieux, du moins pas à 100%. Ceci n'est pas un reproche, car j'adore en tous points l'ambiance et l'identité de Kill Bill.
Les combats finaux sont stylés, rythmés, excellents. Tarantino manie les scènes d'action à la perfection pour nous donner quelque chose de meilleure qualité par rapport à ce qu'on peut voir dans les classiques du genre. Il y ajoute son propre style, et le résultat est jouissif, comme d'habitude. Le combat avec Liu est tout simplement beau, et on finit par une scène qui nous laisse presque sur notre faim : le film n'est pas fini et ca se voit, rendez-vous pour Kill Bill : Volume 2 !