Seul dans son lit le jour de la Saint Valentin, Quentin ne pouvait accepter la situation en l'état; sans sa Valentine, c'est qu'il s'ennuyait foutrement bien, le pauvre type. Résultat, il réfléchit à une manière de palier le temps passé, de le rendre utile, d'en faire sa chose. C'est ainsi que naquit "Kill Bill", sorte d'oeuvre parfaite, et véritable tournant dans sa carrière.
Des déclarations d'amour, il en existe un bon nombre, au cinéma. Peu sont aussi fouillées, détaillées, recherchées et sincères que Kill Bill. C'est un peu une sorte de master peace de la lettre amoureuse, la perfection d'un dîner en couple. De cela vous pouvez être sûr : nul n'a, au jour d'aujourd'hui, fait mieux.
"Kill Bill" est un tournant dans le sens où, pour la première fois dans sa carrière, QT s'armera d'une bonne dose d'argent, et nous sortira des efflusions de sang, telles qu'il n'en n'avait jamais conçu. Mais oui, vous savez ces explosions d'hémoglobines qui, de nos jours, le caractérisent, alors qu'elles ne sont que des artifices adoptés en cour de carrière? Eh bien tout cela vient de Kill Bill.
Autre détail marquant, il est tout de même à signaler un magnifique travail de composition, cette dernière s'accouplant parfaitement avec la mise en scène, sorte d'association, de couple parfait à l'écran pour nous pondre, une fois de plus, un résultat, sinon à la hauteur des attentes, d'autant plus marquant qu'il semble maîtrisé de bout en bout, que chacun de ses détails infimes semble pensé et repensé, de manière à ce que tout soit important, et que rien ne passe à la trappe de notre appréciation globale.
D'une certaine manière, je dois vous avouer qu'aucun QT ne m'a jamais plus impressionné que celui-ci. Fort d'un travail extrêmement marqué sur l'image, c'est une explosion de couleurs, un déchaînement de saveurs que l'on se prend en pleine gueule, sans n'y pouvoir rien faire. Tout est fait pour que le film prenne rapidement l'allure d'un tableau, tant la direction des acteurs que le choix des couleurs.
L'oeuvre affiche donc une image travaillée, esthétique, géniale, pour un résultat s'apparentant aux plus grands chefs-d'oeuvre de la peinture. Le tout est, par ailleurs, sublimé par un aspect extrêmement référencé, et qui fait que l'on prend instantannément ses marques, tant les situations, les personnages et les clins d'oeil nous parleront.
Là est la véritable déclaration d'amour du maître : elle touche à tous les genres, tant l'horreur que le kung-fu, la série b d'action à la John Woo que le film de Kung-Fu à la Bruce Lee, dont mademoiselle bip ( sans déconner ? ) porte la tenue jaune, elle-même mythique. Tout s'y retrouve : le grand faiseur de sabres, le combat dans la neige, dans un cadre typique.
Le ton est d'ailleurs beaucoup plus léger, beaucoup plus coloré que par la suite; c'est presque fantasque comme résultat, en y pensant plus en profondeur. Jouissif, sans concession et fantasmagorique, le Kill Bill de Tarantino est, sinon un chef-d'oeuvre, une pièce fondatrice du genre, et le magnifique hommage d'un grand artiste à un cinéma révolu. "Kill Bill", c'était la Saint Valentin de Quentin Tarantino.
- N'oubliez pas, si en chemin vous rencontrez Dieu, il sera taillé en pièce.
http://avion.blogs.allocine.fr/2016/02/kill-bill-2003-la-saint-valentino.html