Alors ce Kill Bok-Soon : s'agit-il d'un "John-Wick-swap-gender" ?
Oui.
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Non, bien sûr, pas que : mais c'est déjà un bon départ. John Wick avait déjà pour lui un propos sur le monde du travail et sur le pouvoir de la dette. Kill Boksoon lui ajoute un volet social : "et si que" Keanu était une mère célibataire et employée modèle ? Qui cherche un équilibre entre vie pro / vie perso ? C'est vrai que si on pense à John ou à Duncan Vizla (Polar), le souci n°1 du tueur à gages en fin de carrière c'est d'arriver à prendre sa retraite vivant (un peu comme les français en ce moment). Les préoccupations de l'héroïne sont tout autre : rester sur le marché du travail déjà, malgré la naissance du premier (pas comme en Allemagne, ce pays où le taux d'emploi des jeunes mères est aussi faible que ses festivals de films ont bon goût), ne pas se faire déclasser par les nouveaux, gérer son ado après le boulot, et puis devoir tout assumer à la fois (tout, partout et en même temps : le destin des mamans) sans que cela n'affecte son travail. Comme le rappelle la consciencieuse Madame Gil "la différence entre mère et employée, c'est qu'on peut pas démissionner du premier". Bon sinon y'a plein de scènes d'action aussi, et filmées dans un mood fun-super-cool. Des fois que vous commenceriez à douter qu'il s'agit d'un film d'assassins. Mais ne vous y trompez pas pour autant, la skin pulp dissimule un drame très sérieux sur la relation mère-fille, destinée aux premières qui se sentiraient dépassées. Et ça, cela fait de Kill Bok-soon un peu plus qu'un film "sympa", mais aussi un film "important" pour sa catégorie. Il y a 50 ans de cela, le cinéma coréen s'adressait plus souvent (voire majoritairement) aux mères de famille (pour tout un tas de raison, bonnes ou mauvaises que je vous épargne bien volontiers, mais bref, c'était comme ça). Alors, voir un film coréen actuel se destiner ainsi bien volontairement à son ancien public traditionnel, qui l'a depuis bien longtemps déserté à la faveur d'une production pléthorique de dramas qui les ciblent, et comble de l'ironie : sur Né-tou-peu-li-kseu (qui en est quand même, chez nous, le navire amiral) et bien ça mérite quand même de lui lâcher un peu plus qu'un "Vu", non ?
Il y a plein de bonnes idées, mais qui n'ont pas fait de bons films. Coup de bol pour nous, Kill Bok-soon cumule les deux et tape dans le mille (ça résume assez bien le perso d'ailleurs). En plus y'a Koo Kyo-hwan en second rôle stylé. Je l'adore lui. Le voir partager le même cadre avec Jeon Doyeon : sah kel plaisir !