Je vous ai parlé récemment de DTV chinois récents avec Chin Siu-Ho en vedette. On va parler aujourd’hui toujours de Chin Siu-Ho, mais dans un film HK des années 80, Killer’s Nocturne, de Lam Nam Choi (ou Lam Ngai-kai), considéré souvent à tort comme le maitre du nanar made in Hong Kong. Oui, il y a très souvent des moments bien bis, voire Z, dans les films du monsieur, que ce soit The Seventh Curse, The Cat ou Story of Ricky, mais ce n’est pas que ça. Certes, dans le film du jour, il y a ce fameux combat contre un véritable kangourou qui a fait le tour du web à une époque, sauf que cela dure à peine deux minutes et Killer’s Nocturne est bien plus que ça. C’est avant tout un film de vengeance où la légèreté du premier acte va rapidement laisser place à quelque chose de plus sombre, de plus dépressif. Et même si cette scène du kangourou est sans doute ce qui restera le plus dans la tête de quiconque s’aventurera sur les méandres de ce film, il a d’autres atouts à revendiquer, bien qu’ils soient parfois, il est vrai, un peu parasités par des moments plus difficile à passer.


Killer’s Nocturne est quand même assez long à démarrer. La première moitié est assez lente, bien qu’on ne s’ennuie pas car le film comporte son lot de scènes fortes (comme par exemple la mort de certains personnages). Ce qui plombe un peu le rythme, ce sont ces scènes de mah-jong qui ne sont que peu passionnantes. C’est peut-être parce que je n’y connais pas grand-chose à ce jeu. Ou alors parce qu’elles sont filmées de façon très brute, sans aucune musique, sans aucun dialogue, juste avec des plans sur les tuiles des joueurs ou les visages fermés de ces derniers. Il faut rappeler que, même s’il y avait déjà quelques films de gambling auparavant, il n’y avait pas encore eu la déferlante God of Gamblers, avec tous les clones qui ont pullulé, et qui avait engendré de nouveaux standards de mise en scène pour le genre. Dans Killer’s Nocturne, on a l’impression que Lam Nai-Choi semble supposer que le spectateur maitrise forcément le jeu et qu’il n’a pas besoin d’expliquer quoi que ce soit. Sans doute n’avait-il pas prévu que sa bobine s’exporte. Du coup, lorsqu’elles interviennent, parfois pendant cinq bonnes minutes, il faut avouer qu’il est facile de piquer du nez. Alors on attend patiemment que, sans qu’on ait compris pourquoi, un des concurrents s’exclame que, ça y est, il a gagné. Heureusement, cela ne compose pas la majorité du film. Killer’s Nocturne va dans un premier temps alterner des scènes à l’humour léger (avec Chin Siu-Ho et ses amis ou ses amourettes) et scènes de grande violence (la mort de Shing Fui-On), puis va prendre à mi-film un ton beaucoup plus sérieux pour verser dans le drame et le film de vengeance en se montrant beaucoup plus sinistre, beaucoup plus dépressif. Les protagonistes principaux nous sont présentés, on comprend que Chin Siu-Ho est amoureux de la maitresse d’Alex Man, patron de nightclub aux méthodes expéditives, que cela ne va pas plaire à ce dernier et que forcément cela va dégénérer.


La reconstitution des années 30 est plutôt bonne mais, bien que cela soit très correctement filmé, Lam Nai-Choi ne semble pas forcément toujours à l’aise pour mettre cette époque en valeur. Par contre, lorsqu’il laisse éclater la violence et que le chorégraphe / acteur Chris Lee se met à l’épauler pour les scènes d’action, c’est d’un tout autre niveau. C’est brutal, sans concession, gore par moments, un peu à la manière de ce qu’il fera l’année suivante avec son très cool Her Vengeance. Jambe pliée dans le mauvais sens, pendaison avec une chaine, oreille arrachée puis recrachée, gorge tranchée au disque vinyle, … La brutalité est très graphique et son apothéose est le final du film, avec un combat violent d’une grande intensité où Chin Siu-Ho va affronter Chris Lee et tout un tas de sbires cascadeurs. Chin Siu-Ho (Mr Vampire, Fist of Legend) est très bon, réellement impliqué et Alex Man (Rich and Famous, Tragic Hero) semble une fois de plus prendre un malin plaisir à incarner un rôle de bon gros méchant sadique et sans pitié. Dommage que la ravissante Pat Ha (On The Run, Flaming Brothers) soit sous-exploitée et que son personnage ne soit pas assez approfondi mais néanmoins, c’est l’ensemble du casting qui est assez solide, même si certains acteurs connus ne sont là que pour un petit cameo (Shing Fui-On, Stanley Fung, Bolo Yeung) avec des personnages pas forcément très utiles. Et puis, oui, on y vient, il y a cette fameuse scène du kangourou, une attraction à elle toute seule. Une scène aussi improbable que mémorable, où le dresseur semble faire ce qu’il peut avec un animal parfois un peu trop docile (on le voit clairement lécher son adversaire à un moment donné) pour un résultat à la fois kitch et complètement fou. Un match de boxe entre un acteur et un vrai kangourou, il n’y a qu’à Hong Kong qu’on pouvait voir une telle chose à cette époque et encore aujourd’hui l’impact d’une telle scène reste intact.


Connu pour sa scène de combat entre un homme et un véritable kangourou, Killer’s Nocturne est avant tout un solide film de vengeance, qui a certes un peu de mal à démarrer mais qui se finit sur les chapeaux de roues.


Critique originale avec images et anecdotes : https://www.darksidereviews.com/film-killers-nocturne-de-lam-nai-choi-1987/

cherycok
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le 24 avr. 2023

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