La légende du Grand Poilu

Dans la grande mythologie des créatures du cinéma fantastique, King Kong fait figure d'exception. Contrairement à Frankenstein ou Dracula, le monstre n'est pas issu d'une œuvre littéraire, mais est né de l'imagination de Merian C.Cooper, l'un des réalisateurs. Crise économique oblige Cooper, réalisateur de documentaires animaliers avec son compère dut renoncer en 1931 à se rendre en Afrique pour tourner un documentaire sur les Gorilles. Sur les conseils de Selznick (alors patron de la Rko), le réalisateur s'oriente vers un film fantastique avec un grand gorille pour personnage principal. Dès sa sortie, le film produit une impression énorme et devient rapidement une référence.

Pourtant ce Kong, n'est pas à proprement parler un grand chef d'œuvre, le scénario est loin d'être parfait et la première partie avec son histoire d'amour un peu niaise parait même un peu bâclée. On passera également sans trop commenter la représentation des autochtones de l'île de Kong, tout à fait dans la veine de l'époque qui fait volontiers penser à la représentation honteuse des tribus africaines donnée dans Tarzan notamment.

La force de ce film vient évidemment du monstre, représentant la puissance animale absolue bien supérieure à celle de l'homme. En effet dès l'arrivée sur l'île, le long-métrage prend une tout autre dimension, dans cette atmosphère hostile, inquiétante, lorsque les hommes doivent combattre le monstre qui a enlevé la belle.

Plus encore, la dernière partie du film ancre le film dans l'imaginaire collectif. King Kong terrorisant la ville de New-York, fleuron de la civilisation moderne et s'emparant de ses symboles, le métro ou grimpant au sommet de L'empire State building dans une scène très impressionnante. Enfin l'ultime scène,

donne une humanité au monstre et une dramaturgie tragique à l'œuvre, qu'aucun remake n'a à ce jour réussi à égaler.