Le premier remake du film de 1933 est l’œuvre de John Guillermin, co-réalisateur de La Tour Infernale. Dino de Laurentiis en producteur et la Paramount pour gérer tout ça, les moyens sont bien là pour faire un remake de qualité. Oui mais voilà, si la première heure du film est ma foi honnête, l'apparition de la créature devient un tournant après lequel le métrage va gentiment glisser dans le ridicule.
Jeff Bridges avec une grosse barbe et les cheveux longs a un air un peu simiesque, mais il est là avant tout en tant que scientifique. Il sera l'homme de la raison, celui qui sauvera la belle des griffes de la bête, celui en qui le spectateur va s'identifier. Jessica Lange jouera énormément de sa beauté naturelle et de ses formes généreuses via divers tenues très aérées. Son personnage assez flou est clairement dérangé et difficilement cernable. Mais elle ne sera pas que réduit au rôle de scream queen comme sa prédécesseure Fay Wray. Elle va devenir le point de départ de sentiments du grand singe et permettra de développer les relations entre ces deux êtres que tout oppose.
Quand à la star éponyme, ici un déguisement fort réussie (avec l'implication de Rick Baker svp) porté par un acteur, et bénéficiant de divers trucages optiques à la qualité variable pour simuler le gigantisme, il souffre d'un anthropomorphisme ultra prononcé, ses déplacements n'ayant l’air en rien de lui d'un primate. Du coup, on y croit moyen, et on remarque directement les incrustations et le coté artificiel des séquences tournées en plateau.
Si l'histoire de départ débute avec de bonnes intentions et permet de présenter les protagonistes, dès qu'on passera à l'action, ça devient l'ennui sec. Un seul combat expéditif du singe contre un serpent géant, alors que l'île est censé être rempli de divers dinosaures. Le final se passe sur le World Trade Center (vu qu'ils ont eu la mauvaise idée d'inclure le film dans son époque, les 70's et ses héros aux pantalons à pattes d'ephs) avec un improbable saut d'une tour à l'autre, les avions sont remplacés par des hélicos (avec le recul, quand l'un s'écrase contre une des tours, on se dit que c’est pas plus mal). La fameuse scène du tronc d'arbre au-dessus du vide reste avant tout un hommage au classique des années 30 à défaut de vraiment marqué (et puis décors ternes de studios quoi) et la séquence keiju eiga où King Kong défonce un train reste dans la moyenne des effets du reste du film : bof.
Les meilleurs moments avec le singe reste dans le fond son duo avec Jessica Lange, s'amusant de sa fragilité, réagissant à chacun de ses gestes et montrant diverses émotions via un visage suffisamment expressif. Pour le reste, le film va mettre un gros coup de pied dans le monde du show-biz, et particulièrement l’aspect marketing, la critique atteignant son paroxysme lors de la soirée de présentation de Kong à New York, avec cette improbable distributeur d'essence dévoilant le monstre emprisonné.
Un autre coup de pied pour les journalistes de presse se comportant en chacals affamés, qui pour quelques photos, n'hésiteront pas à escalader le cadavre de l'animal, après avoir provoqué sa colère lors de la soirée paillettes et marketing.
Des messages forts qui ne remontent pas vraiment le niveau du métrage, car c’est un blockbuster mou et peu crédible, un remake clairement raté dont on se demande pourquoi Jeff Bridges est venu se perdre dans ses méandres. Parce que même Kong ne remonte pas vraiment l'intérêt. Le pire, c'est qu'il y a eu une suite, et je ne parle pas du film de Peter Jackson.