Si les années 70 aux Etats-Unis ont offert une rivière de diamants au 7ème Art, il fallait bien que celle-ci s'accompagne de quelques breloques en Toc, comme cette affreuse mouture de King Kong. Surfant sur la vague de ces sympathiques et souvent catastrophiques films catastrophe,Dino De Laurentiis nous ressuscite le Gorille Géant dans un terrifiant remake.
Tâcheron emblématique du Disaster Movie; ces films fort couteux employant ribambelles de stars larguées au beau milieu de décors gigantesques contraints de survivre à des menaces incontrôlables, sensée refléter la société de l'époque avec des scénarios caricaturaux et bâclés; John Guillermin fait son King Kong à lui, produit par le grand Dino dont la grandeur n'est que rarement gage de qualité.
Seventies oblige, plus question d'aller tourner un film en terre inconnue, mais plutôt d'aller trouver du pétrole sur cette île mystérieuse peuplée d'indigènes belliqueux et de créatures gigantesques. Le fou de réalisateur devient un exécutif illuminé, le second de l'équipage devient un scientifique chevronné (et illuminé lui aussi) et l'actrice en quête de succès devient une naufragée sortie de nulle part. Oubliez les dinosaures, ils les ont troqué pour un serpent géant. Soit!
Long de deux heures et quart, le film peinera à vous convaincre malgré la débauche d'effets visuels. Rick Baker et Carlo Rambaldi y gagnent leurs lettres de noblesse, malgré un résultat final moyen...même de leur point de vue; le pauvre Baker aussi bien employé à créer le costume qu'à le porter. On sent cette volonté de Spectaculaire, mais elle apparaît souvent comme un simple espoir dans l'oeil du producteur, du réalisateur et surtout du spectateur.
La faute à une réalisation on ne peut plus molle et datée, et une photographie plate à cents lieues des virtuoses de l'époque. On se rend rapidement compte que le film est à l'image de son intrigue, un simple prétexte pour faire fonctionner une juteuse pompe à fric. Et entre deux coups de piston, vous pouvez voir Jeff Bridges, splendidement barbu, tenter de ne pas se laisser aspirer dans le tourbillon de la médiocrité; ainsi qu'une Jessica Lange aux beaux jours déjà comptés, capitulant en déshabillé face au gorille synthétique, ou plutôt face au réalisateur persuadé de la noblesse de son entreprise. Ces deux jeunes gens prometteurs manquent d'y laisser des plumes et apprennent la belle leçon du choix judicieux des rôles. Si Jessica Lange espérait un tremplin, la belle n'a pas du cerner le propos pseudo-érotique très mal-venu, tant il est tordu, du scénario. On préfère garder en tête le traitement originel, tant cette version surligne une contradiction dans les tailles.
Malgré tout, King Kong 1976 tentera un ultime soubresaut sur les toits du World Trade Center, la bête lâche enfin prise, et tire son salut d'une fin finalement émouvante, non sans l'aide de John Barry qui signe une bande originale moyenne parsemée d'élans épiques et graves relevant le niveau d'un film en accord avec son genre, sympathique et catastrophique.