« It was beauty killed the beast. » CARL DENHAM

Merian C. Cooper et Ernest B. Schoedsack se rencontrent sur un quai de gare à Vienne, peu après la fin de la Première Guerre Mondiale. De cette rencontre va naître une collaboration fructueuse qui a donné naissance à certains des films les plus mémorables de l’époque dont plusieurs documentaires d'aventure, dont certains ont été très acclamés.

Leur premier projet ensemble est Grass : A Nation's Battle for Life, un documentaire sortie en 1925 qui suit le périple des Bakhtiari, une tribu nomade du sud-ouest de la Perse (aujourd'hui l'Iran), alors qu'ils traversent les montagnes du Zagros à la recherche de pâturages pour leurs troupeaux. Cooper et Schoedsack ont filmé les Bakhtiari alors qu'ils affrontaient des dangers naturels tels que les précipices, les tempêtes de neige et les rivières en crue.

La même année, Ernest B. Schoedsack rencontre la scénariste et ancienne Ruth Rose lors d'une expédition aux Îles Galápagos où il était cadreur et elle historienne de l'expédition. Ils s’épouseront en 1926, cela aura une importance dans la suite de l’histoire.

En 1927, Cooper et Schoedsack réalisent de nouveau un film documentaire Chang : A Drama of the Wilderness. Le documentaire narre l'histoire d'une famille thaïlandaise vivant dans la jungle, confrontée à divers dangers naturels et aux attaques d'animaux sauvages. Le documentaire est notable pour ses prises de vue époustouflantes de la nature et pour avoir été tourné dans des conditions extrêmement difficiles (tout comme leur précédent). Le documentaire sera d’ailleurs nommé à l'Oscar de la meilleure production artistique lors de la première cérémonie des Oscars du cinéma en 1929.

Cette même année, celle de la première cérémonie des Oscars, Cooper et Schoedsack réalisent leur première fiction : The Four Feathers. Ce film dramatique sur base sur le roman éponyme de A.E.W. Mason et est un des derniers films muet jamais filmé.

Les années 1930 arrivent à grand pas et il est temps pour Cooper et Schoedsack de travailler sur un nouveau projet, une fiction qui ne sera pas une adaptation : King Kong !

Contrairement à nombre de productions fantastiques, le sujet de ce nouveau projet n'est pas d'inspiration littéraire mais totalement original. Cependant, si le film crédite Merian C. Cooper et Edgar Wallace comme étant à l'origine de l'histoire, Cooper déclara que le scénario ne comportait aucune idée de Wallace, et qu'il n'avait gardé son nom au générique qu'en hommage à sa mémoire (Edgar Wallace étant décédé en février 1932). Le scénario fut finalement signé par James A. Creelman et Ruth Rose, la propre femme de Ernest B. Schoedsack.

King Kong raconte une expédition cinématographique audacieuse qui découvre une île mystérieuse et inexplorée, peuplée de créatures préhistoriques et dirigée par un gorille géant légendaire. Lorsque Kong tombe amoureux de la belle actrice Ann Darrow, capturée par l'équipage, il est emmené à New York pour être exhibé comme une attraction sensationnelle. Cependant, une fois dans la métropole tentaculaire, Kong échappe à ses chaînes et sème la destruction à travers la ville, à la recherche de la seule personne qui a touché son cœur.

Le plus bluffant dans cette aventure incroyable, c’est la flore, mais surtout la faune visible à l’écran (en 1933 !). Qui de mieux pour faire vivre toute cette faune que Willis O’Brien qui s’est fait remarquer pour ses effets spéciaux révolutionnaires dans The Lost World de 1925. Dans ce film, O'Brien a utilisé sa technique d'animation en volume pour animer des dinosaures préhistoriques, marquant ainsi l'une des premières utilisations importantes de cette technique dans le cinéma.

Ici, les effets spéciaux révolutionnaires de Willis O'Brien sont indéniablement l'une des raisons principales pour lesquelles le film est devenu un film culte et a laissé une marque indélébile dans l'histoire du cinéma. Willis O'Brien, avec son équipe, a utilisé sa technique de l’animation en volume, où des maquettes animées image par image sont intégrées dans des décors réels, pour donner vie à Kong et aux autres créatures fantastiques du film. Les scènes d'action spectaculaires, notamment celles où Kong affronte des dinosaures, ont captivé et enthousiasmé mes yeux d’enfants. Les effets spéciaux créés une immersion extraordinaire dans un monde fantastique, marquant ainsi un tournant dans l'histoire du cinéma et élevant le film au rang de classique intemporel.

La musique envoûtante de Max Steiner souligne parfaitement l'aspect dramatique et émotionnel du film, ajoutant une couche supplémentaire d'intensité à l'expérience cinématographique et il compose surtout un thème devenu iconique pour Kong.

Fay Wray et Bruce Cabot incarnent respectivement Ann Darrow et Jack Driscoll. Une actrice sans emploi et un officier de navire qui vont tomber éperdument amoureux. Kong va compléter se triangle amoureux car la bête va tomber amoureuses de la belle comme chacun le sait. Wray apporte une sensibilité et une vulnérabilité touchante au personnage de Ann Darrow, incarnant à la fois la peur et le courage face aux dangers rencontrés (n’oublions pas son côté sexy). Cabot, quant à lui, apporte une présence virile et un côté romantique à son personnage, créant une dynamique intéressante entre lui, Ann et Kong.

Pour moi, le personnage le plus important reste Carl Denham interprété par Robert Armstrong. Un cinéaste intrépide et aventureux déterminé à réaliser un film épique sur une île mystérieuse qu'il a découvert. Denham est un personnage charismatique et ambitieux, prêt à prendre des risques pour capturer les images les plus sensationnelles, ce qui n’est pas sans rappeler notre duo de réalisateurs Cooper et Schoedsack spécialistes des documentaires dangereux.

Comme pour tuer la bête, leur création, ce sont Cooper et Schoedsack qui incarnent les pilotes des avions qui vont abattre Kong au sommet de l’Empire State Building.

King Kong marque une transition dans la relation de travail entre Cooper et Schoedsack, l’un se focalisant sur la réalisation et l’autre sur la production.

Fait étonnant, c’est la même équipe qui tourne The Most Dangerous Game la même année. Notamment Ernest B. Schoedsack et Merian C. Cooper à la réalisation, Max Steiner à la musique, et, devant la caméra, Fay Wray qui interprète chacun des premiers rôles. Robert Armstrong n'est pas tête d'affiche mais a aussi un rôle important dans The Most Dangerous Game. Les deux films ont été tournés en même temps, dans les mêmes décors, l’un le jour et l’autre la nuit. Le fait de tourner ces deux films simultanément a permis de réduire les coûts de production et de maximiser l'utilisation des décors et des ressources disponibles.

Pour en revenir et finir avec King Kong, c’est un chef d’œuvre intemporel qui incarnent l’essence même du cinéma d’aventure et d’horreur. L'histoire épique nous transporte dans un monde fantastique où la frontière entre la réalité et l'imagination s'estompe. Les aventures de Kong, capturé sur une île et amené à New York, captivent le public depuis des générations. Les effets spéciaux novateurs de Willis O'Brien, notamment dans les scènes d'action où Kong affronte des dinosaures et ravage la ville de New York, ont établi de nouveaux standards dans l'industrie cinématographique. King Kong est bien plus qu'un simple film. C'est un chef-d'œuvre cinématographique qui a façonné l'histoire du cinéma et a captivé l'imagination du public depuis sa sortie il y a près d'un siècle. Son héritage perdure encore aujourd'hui, en tant que symbole de l'ingéniosité artistique et de l'aventure sans limites du cinéma.

StevenBen
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le 4 avr. 2024

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Steven Benard

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