Projet traînant dans les cartons depuis quelques années, King Kong voit enfin le jour une fois que Peter Jackson a fini son long périple en Terre du Milieu, lui qui a en plus l'occasion de mettre en scène un de ses plus vieux rêves.
Le metteur en scène Néo-zélandais se montre particulièrement ambitieux, doublant la durée du film original pour une même trame à la base. Il prend son temps pour bien mettre en place le contexte, puis présenter tout ce beau monde qui partira en expédition. Divisant King Kong en trois parties distinctes, il parvient à créer une atmosphère particulière pour chacune d'elle, reconstituant le charme du New York de la Grande Dépression ou la peur et la tension d'une île dangereuse et austère.
Une île qui devient d'ailleurs un personnage à part entière, surprenante et regorgeant de créatures toutes plus grandes et impressionnantes les unes que les autres, et on ne sait jamais ce qui va apparaître. Pour cela, il ne manque pas d'idées, que ce soit dans les designs ou la diversité, et il s'appuie sur un script plutôt minimaliste, mais propice à une exposition de créatures, et surtout de sensations. Il retranscrit avec brio la peur des personnages, et l'intensité ne fait que s'accentuer durant les moments forts.
Si ces aspects-là permettent au film d'être une réussite, Peter Jackson ne se montre pas non plus impérial sur tous les points. Malgré quelques belles images comme le coucher de soleil sur l'île, le côté romantique manque d'émotion et n'est pas toujours bien mis en scène, avec un charme assez vite rompu à chaque essai à cause d'excès ou de lourdeur, à l'image de la séquence du lac gelé. Si on ajoute à cela une mise en place un peu longue, il y a une impression que Peter Jackson ait mal géré tout ce qui ne se passait pas sur l'île, et que l'intensité atteint sur celle-ci, retombe assez vite par la suite, la dramaturgie n'arrivant pas à prendre le relais.
Enfin, ça n'empêche pas ce King Kong d'être une réussite et un sacré morceau de bravoure, où Jackson montre une incroyable maîtrise pour montrer le spectaculaire, ainsi que la peur humaine. Il bénéficie d'un cadre remarquable, avec de fabuleux décors naturels, utilise avec brio les technologies pour animer des créatures et plusieurs séquences deviennent assez marquantes, à l'image du voyage en mer. Enfin, il dirige assez bien les comédiens, chacun sachant donner une certaine constance à son personnage.
Si King Kong ne parvient pas forcément à jouer sur tous les tableaux, Peter Jackson arrive tout de même à créer une œuvre spectaculaire et ambitieuse, nous immergeant au cœur des ténèbres et nous montre, à nouveau, que l'humanité n'est pas forcément là où on l'attend, et que l'humain peut très bien être la plus abjecte des espèces.