Un petit détour par le Japon. Ben ouais, Skull Island, le territoire du grand singe, se trouve pas si loin du pays du soleil levant, il n'en fallait pas plus à Ishiro Honda, le grand spécialiste des keiju eiga et de sa star Godzilla pour faire un petit crossover à budget ridicule, genre du film oblige. De King Kong, on retrouvera la tribu indigène et son mur de protection ici dérisoire, et bien sûr sa star local. Pour le reste, c’est du kaiju eiga pur jus.
Ainsi, les scènes de destructions présentent moult maquettes avec jouets motorisés pour les véhicules, au milieu desquelles les acteurs en costume se tortillent comme ils peuvent. Si le déguisement du singe offre une certaine souplesse à son porteur, celui de Godzilla limite méchamment son propriétaire, gesticulant maladroitement avec ses membres pour répondre aux provocations du roi Kong. Pour équilibrer la balance, ce dernier est particulièrement maladroit, allant jusqu'à s’assommer tout seul après une double roulade dont le sens m’échappe encore. De toute, il se prendra majoritairement une belle branlée avant de retourner la situation de façon improbable.
Avec tout ça, on en oublierait presque qu'il y a une histoire avec des acteurs tout aussi mauvais que le reste du métrage. L'occasion de découvrir un directeur d'une chaine d'information aussi caricaturale qu'antipathique, et des employés fidèles allant crapahuter dans l'Océan Pacifique pour capturer le futur sponsor de la chaine. On retrouve mêmes des acteurs occidentaux dans un sous-marin américain, premières victimes du lézard nucléaire.
Le budget est tellement rachitique que certains plans montrant de simples véhicules circuler sur un route sont parfois effectués via les maquettes. Tant qu'on parle d'effets spéciaux, entre les costumes dont on voit la fermeture éclair, les séquences où les participants balancent divers projectiles sur un mur où est projeté une passage préalablement filmé et les quelques incrustations d’effets style éclairs et feu sortant de la gueule de Godzilla, on rigole de bon cœur devant tant de pauvreté technique.
D'ailleurs, le film se veut humoristique, enchainant certaines blagues lourdingues qui font à peine sourire, probablement histoire de dérider la tension dramatique inexistante des combats. Celui entre le singe et le poulpe reste génialement absurde, et le choc des titans entre les deux stars de l'affiche ressemblerait presque à une bagarre de poivrot à la sortie d'un bar.
Dans les faits, c’est un film pourri, comme a-peu-près tout ce qui porte la mention keiju eiga, mais c’est le genre qui veut ça et c’est fait avec amour, donc je ne peux décemment pas lui mettre moins que la moyenne. Et puis, je suis tellement content d'avoir pu mettre la main sur cette rareté que je vais pas bouder mon plaisir.