De tous les films de Keiju Eiga qui se sont mangés la vieillesse en pleine gueule comme un revers de médaille, King Kong contre Godzilla fait office de film culte. Outre son postulat de base propice à faire fantasmer tous les fans du genre, il détient des qualités somme toute non négligeables. Outre une esthétique carrément kitsch et des mecs en costumes de monstres toujours aussi comiques ( faut voir la gueule que tire King Kong, c'est unique ), ce crossover ( sûrement l'un des premiers de l'histoire du cinéma ) ne boude pas son plaisir quand il s'agit de nous en foutre plein la face.
Spectaculaire et débridé ( le comble ), le film ne pâtit même pas de ses effets spéciaux à la ramasse. Mieux, il les assume, fondant alors dans un délire ringard des plus jouissifs. Deux types dans des costumes de bêtes préhistoriques qui détruisent une ville miniaturisée aux forts relents de carton, faut avouer que ça en jette carrément. Mieux, c'est hilarant et sacrément détente.
Au milieu de tout cela, des acteurs en surjeu. Fait habituel que celui-ci pour un cinéma japonais vieux de plus de 50 ans, on ne fera même plus attention à cette volonté de toujours vouloir en faire plus, jusqu'au point où l'on en fait trop. Un excès de tous les instants qui participe grandement au succès général du film, lui donnant ce côté gratuitement jouissif et poussif.
A côté de cela, on pourra notamment lui reprocher des dialogues qui sonnent souvent faux, ainsi qu'un rythme assez bâtard ( tout est assez lent jusqu'à l'explosion finale, génialement appréciable ), mais s'il est une certitude, c'est que le film ne manque pas d'intérêt. Mieux, il en a à revendre. Culte au possible, il amène des thèmes très intéressants, avec une gestion particulière et très bien vu des journaux télévisés; entrecouper l'histoire d'une telle manière était assez bien vu ( même si ça cause les problèmes de rythme précédemment évoqués ).
Il y a donc de l'idée dans l'écriture, autant que la mise en scène fait son travail. Sans être exceptionnelle, elle convint quand même, loin de nous proposer la débâcle du Retour de Godzilla, sorti 20 ans plus tard. Il n'y a rien à préciser sur la bande-son, pas spécialement extraordinaire. Elle s'avère plaisante, mais guère marquante.
Il arrivera que le résultat sonne forcé, que ça manque parfois ( souvent? ) de crédibilité, mais le film reste un excellent métrage du genre, une oeuvre pionnière avec tous les défauts qu'on lui connaît. Car même si le film connaîtra de nombreux défauts, il n'en demeure pas moins un grand film kitschissime ( pour l'époque ) et l'un des affrontements les plus mythiques entre deux icônes légendaires d'un cinéma de genre vieux de presque un siècle.