Stephen Chow nous livre ici une autre comédie réussie, portant cette fois-ci autour du monde des acteurs, avec une belle pincée d'auto-dérision mêlée à un véritable amour du genre. Tout le passage du tournage qui parodie visiblement les films d'actions de John Woo est tout simplement irrésistible (avec son lot de cascades over the top et de colombes), et lorsque son personnage enseigne à un gang de petites frappes et une jeune escorte le jeu d'acteurs (l'un pour bouffer, les autres pour se faire du pognon), on se retrouve avec un cocktail génial d'humour et d'originalité (avec un gros pic lorsque son jeune élève imite inconsciemment son prof assis dans un coin en train de jouer avec un gamin à poil tandis qu'il a affaire à des gros bras).


Mais une nouvelle fois, la force de son film n'est pas uniquement basée sur la qualité de son humour bien décalé et son sens du rythme, mais également sur des personnages principaux attachants (de gentils losers qui finalement demeurent eux-mêmes face au succès qui les rejoint), en ligne de mire cet apprenti acteur qui veut percer dans le métier et cette jeune fille à qui il apprend les grosses ficelles, et dont il s'éprend (les love story sont toujours belles à suivre chez lui, mais j'ai un petit faible pour celle-ci, pour leur fragilité, et le petit jeu de classes sociales avec le retournement de situation occasionné). Car derrière sa figure de clown et son génie du pantomime et du gag visuel, Stephen Chow transmet beaucoup de tendresse à travers ses personnages (on retrouve d'ailleurs avec bonheur le maître de Kung fu de sa première réalisation, grimé ici en gardien chevronné de la bouffe des acteurs ardemment convoitée par notre "héros", qui nous amène ensuite vers la comédie policière), et les genres/univers qu'il explore avec le même trait d'affection.


Ses films sont ainsi de véritables feel good movies en puissance, et ce King of Comedy n'échappe pas à la règle, peut-être un peu moins fou et déjanté que Love on Delivery, mais n'exploite pas moins efficacement son concept. Grosses barres de rire garanties, mais pas seulement.

Arnaud_Mercadie
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le 22 avr. 2017

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Dun

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