Un loser possedé par la fureur de vaincre.
Dans King of Comedy, Stephen Chow (Chow Sing-Chi) incarne Wan Tin-sau, un loser qui rêve de faire carrière dans le cinéma. Celui-ci rêve de grands rôles, mais sa maladresse ne le conduit qu'à des rôles de figurant qu'il est d'ailleurs bien incapable de tenir. Dans sa quête vers le succès, il croise un tas de personnages haut en couleurs.
Stephen Chow, acteur et réalisateur hyper populaire à Hong-Kong, et aujourd'hui très connu en occident grâce à Shaolin Soccer notamment, nous livre ici une comédie romantique très drôle et touchante. A l'instar de l'illustre Harold Lloyd qui chérissait ce thème, Stephen Chow semble aimer les losers triomphants. Tout comme dans Love on Delivery ou Shaolin Soccer, ce thème est bien présent ici. Quoiqu'il fasse, Tin-sau est d'une désespérante maladresse, et se met donc lui même des bâtons dans les roues, même lorsque la chance se présente. Cependant, il ne se démonte jamais, et ne semble même jamais affecté par ses échecs consécutifs. Evidemment, cette maladresse nous donne le droit à des scènes hilarantes, pas toujours subtiles, mais difficilement résistibles. Stephen Chow est un champion dans le domaine. Le titre internationale du film nous rappelle inévitablement un film de Martin Scorsese, The King of Comedy (La valse des Pantins, avec Robert De Niro), avec lequel il n'est pas sans rapport, puisque Tin-sau et Rupert Pumpkin sont tout deux dévorés par la même ambition, ne baissant jamais les bras devant les obstacles qu'ils rencontrent. Mais là s'arrête la comparaison, car le film de Scorsese est une comédie très noire, tandis que le film de Chow tend bien plus vers le romantisme. Et c'est touchant. Tin-sau croise la route d'une demoiselle un peu paumée, la magnifique Cecilia Cheung, à qui il promettra la lune, nous rappelant une fois de plus Harold Lloyd, ou Charlie Chaplin dans La ruée vers l'or. On laissera les cyniques râler sur cet aspect du film. C'est beau, c'est bien filmé, et ça n'oublie pas de rester drôle. Outre les influences cités plus hauts, Stephen Chow y va de ses hommages plus directs, et hilarants, tel une scène de gun fight (un tournage de film, dans le film) parodiant à merveille The Killer de John Woo, ainsi qu'une représentation théâtrale de La fureur de vaincre (Bruce Lee), à base de jet de ketchup. Le film change étonnement de ton vers la fin, devenant presque sérieux, mais je n'en dirai pas plus. Une comédie bien réussie, et mon Stephen Chow préféré avec Love on Delivery.