Stuart Gordon aime les faibles, les hommes poussés à bout et les histoires louches. Avec ce roi des fourmis, c'est l'histoire de la tortue et du lièvre, du prolo soumis et du bourgeois dominant.
Ce roi aura tout son temps pour avoir sa justice et même s'il meurt avant de l'avoir fait. Le fait d'être interchangeable, d'être n'importe qui, fait de lui un symbole indestructible. Il s'en fout, il n'a que sa peau pour survivre. C'est grâce à cette pensée que le personnage central est crédible, bien qu'un chouya suicidaire et jusqu'au-boutiste.
Ce personnage de l'ouvrier, perçu comme interchangeable, tout le monde et personne à la fois... Il encaisse tout et se relève à chaque fois. C'est bien vu.
D'ailleurs c'est une récurrence chez Gordon l'idée que les êtres aillent toujours au-delà de leur fin. C'est jamais fini. Et quand vraiment ça se finit, ça se termine dans une abomination. Comme s'il n'y avait pas moyen d'en finir autrement.
Malgré tout, si le moment est assez agréable,
l'intention et la nature du projet Gordonien ne frustrent pas et ne donnent que ce qu'il a à montrer.
Gordon est ainsi fait. L'oeuvre, si elle est singulière, manque profondément d'ampleur et d'enlèvement.