Je n'avais pas vu ce film depuis des années, je l'ai redécouvert avec énormément de plaisir, pour ne pas dire de surprise. Je ne me souvenais pas de la qualité de cette photo, de ces costumes, de ces décors... On s'y croirait presque. Ridley Scott signe ici son dernier grand film historique avant le raté Robin des Bois et le pas fameux Exodus.
Attardons nous d'abord sur les qualités de ce long métrage;
Le cadre déjà: nous nous situons 100 ans après la conquête de Jérusalem par les Francs, lesquels ont fondé les états latins d'orient. La cohabitation au sein du royaume est compliquée entre partisans du compromis et partisans de la guerre sainte, d'autant que la menace musulmane incarnée par Saladin se fait de plus en plus pressante. C'est dans ce contexte que débarque Balian, jeune forgeron français qui va devenir seigneur d'Ibelin et proche de du roi de Jérusalem Baudoin IV.
Le scénario prend comme d'habitude quelques libertés avec l'histoire, mais tous les personnages ici présents ou presque ont existé. Ceux-ci sont interprétés par des acteurs de grande qualité -le roi lépreux Baudouin IV, bien que masqué, est particulièrement réussi- si ce n'est Balian lui-même, incarné par Orlando Bloom qui met y beaucoup de bonne volonté certes mais qui n'est pas transcendant malgré tout.
Autre qualité indéniable: la photo. Elle est vraiment d'excellente facture et crée une ambiance particulièrement réussie sur cette terre sainte d'un autre âge.
La qualité des costumes et décors également. Là-dessus rien à dire ou presque. On s'y croirait, ça fourmille de détails, les épées résonnent, les cottes de mailles scintillent, les étendards flottent au vent... Ridley Scott n'abuse pas des images de synthèse, préférant la pierre, le tissu, le métal et les figurants... Le pari est gagnant.
La musique enfin, sans égaler les meilleurs morceaux d'Hans Zimmer, est généralement de très bonne facture.
Les scènes de combat sont dans le style de celles de Gladiator, un peu confuses mais assez prenantes malgré tout.
Le film a aussi quelques défauts:
le choix d'Orlando Bloom donc, sans être catastrophique n'est sans doute pas la décision la plus judicieuse qu'ait prise le réalisateur.
Si ça part d'un bon sentiment, on sent malgré tout sur la fin que les messages de tolérance sont largement destinés aux acteurs du conflit israélo-palestinien d'aujourd'hui. Ca ne gâche pas le film pour autant mais disons que ça manque peut être un peu de finesse.
Enfin je n'ai pas vu la version director's cut qui paraît-il est vraiment d'excellente facture et apporte beaucoup à la version cinéma qui est déjà d'un très bon niveau.
Etant passionné d'histoire j'avoue que ce genre de film est trop rare à mon goût. Kingdom of Heaven mérite vraiment d'être découvert ou redécouvert car il a d'indéniables qualités dont celle de nous transporter dans un monde d'un autre temps, sur une quête éperdue, celle du royaume des cieux.
Plusieurs mois après je mets à jour ma critique suite a la vision director's cut:
Rarement une version longue n'aura à ce point bonifié un film, si bien que je lui rajoute 1 point pour monter sa note à 8. L'ensemble prend de la profondeur, de la cohérence et rend le tout plus long certes mais plus fluide pourtant. Du coup tout est bonifié, même la prestation d'Orlando Bloom car son personnage est bien plus fouillé, idem pour la reine Sybille.
Je ne peux donc que très vivement recommander cette version qui était celle que Ridley Scott aurait voulu montrer sur grand écran. Excellent film.