Version cinéma à jeter, mais ne pas manquer la magnifique version "Director's Cut"
Pitié ne jugez pas ce film sur sa version cinéma !
Il y a des gens qu'on devrait pendre, la personne qui a fait le montage de la version cinéma de "Kingdom of Heavens" fait partie de ceux-là : elle a massacré une oeuvre aussi sûrement qui si elle avait porté des coups de couteaux à la Joconde...
[CRITIQUE DE LA VERSION CINEMA]
On en prend plein la vue : la photographie est magnifique, Orlando Bloom est transformé pour le rôle (il a pris un gros paquet de muscle), les paysages sont superbes. Bref, qu'est-ce que c'est beau !
Par contre, dès qu'on parle scénario, on déchante : une histoire simpliste, des trous de scénarios de la taille de l'égo de Sarkozy (notre brave forgeron de village qui devient un super escrimeur en une seule leçon), des raccourcis abracadabrants, des persos sans aucune profondeur (le méchant est très méchant, la princesse est très jolie, et le héros est très parfait).
J'étais sortie du cinéma en colère d'avoir payé pour ça (à l'époque j'étais étudiante et je comptais mes sous). Et puis quelques années plus tard un ami m'a convaincue de regarder la version "Director's Cut".
[CRITIQUE DE LA VERSION DIRECTOR'S CUT]
"Comment quelques scènes coupées peuvent-elles changer un joli navet en un bon film ?" vous demandez-vous sans doute. Je me suis posée la même question au début...
Alors oui, quelques scènes coupées résolvent des incohérences. Par exemple on apprend au détour d'une conversation que notre héros forgeron avait déjà fait la guerre pour son seigneur, certes en tant qu'artilleur, mais enfin ce n'est pas déconnant qu'il ait appris à se battre. (Pourquoi avoir coupé cette scène, pourtant très courte, et ainsi créé une incohérence énorme ? je n'en ai aucune idée)
Mais le vrai massacre n'est pas là... en fait, ce ne sont pas QUELQUES scènes qui ont été coupées, c'est un bon tiers du film ! Des arcs narratifs entiers ont disparu, qui pourtant apportaient complexité et profondeur à l'histoire ainsi qu'aux personnages, notamment à celui de la princesse.
D'ailleurs, c'est bien simple : un personnage essentiel du film n'apparaît pas (et n'est même pas évoqué) dans la version cinéma.
Le film n'est pas exempt de défauts (par exemple : les prêtres chrétiens sont tous des gros cons intolérants, c'est tellement systématique que ça devient lassant !), mais l'histoire est belle, cruelle et mélancolique, et les personnages sont loin d'être simplistes.
De plus, c'est extrêmement bien filmé. Vraiment. Les images sont superbes.
Il va sans dire que j'ai noté la version longue, la version ciné mérite 4 ou 5 à tout casser (pour les images superbes).
Et si un jour je rencontre le monteur de la version ciné, je lui casse le nez direct !