Kingdom of Heaven par batman1985
Après l'énorme succès que fut le péplum Gladiator (probablement le dernier tout grand film de Ridley Scott à l'heure actuelle), il était donc logique que l'on confie au réalisateur britannique une autre grande épopée historique. Exit le monde antique et ses Romains, dites bonjour aux chevaliers et à leurs croisades.
Autant être franc directement, on est bien loin du film qui avait comme tête d'affiche Russel Crowe en 2000. Et Kingdom of Heaven n'est pas dénué de défauts. Premièrement, le choix du casting: certes, les seconds rôles sont excellents (Jeremy Irons, Brendan Gleeson, Ghassan Massoud ou encore Edward Norton, dans le rôle du Roi lépreux, sont vraiment très bons et il n'y a absolument rien à leur reprocher), ce n'est pas le cas pour les deux têtes d'affiche. Premièrement, la demoiselle Eva Green a beau posséder un joli minois, elle est d'un jeu extrêmement plat et ne convainc vraiment personne dans son rôle de Sybille. Et que dire de Orlando Bloom? A part qu'il a, tout le long du film, un regard mélancolique et triste et qu'il est impossible aussi de se défaire, à cause de cela, de l'image que l'on gardait de lui dans Le Seigneur des Anneaux, celle de l'elfe Legolas. De plus, il est incapable de changer les expressions de son visage. Certes, il fallait amener du public, peut-être même plus féminin, mais d'autres choix auraient été possibles. On est vraiment bien loin de la prestance et du charisme que possédait Russel Crowe.
Ensuite, pour le scénario, il y a du bon et du nettement moins bon. Tout commence alors que Balian n'est que simple bûcheron quelque part en France (ce qui est une erreur historique, puisque le jeune homme a toujours vécu sur l'actuelle terre d'Israël. Il y a d'autres petites fautes, notamment dans l'armement utilisé mais dans l'ensemble, le film de Scott est réellement correct d'un point de vue historique). Tout d'un coup, un chevalier arrive et lui apprend qu'il n'est autre que son père. Ce dernier repart quasiment aussitôt vers Jérusalem et demande à son fils de l'accompagner. Balian est quelque peu énervé, surtout que les paroles d'un curé l'excède encore plus. Il tue le curé, boute le feu à sa maison, prends son cheval et part rejoindre son père sur les routes. Fait incroyable, il le retrouve en même pas une minute. Il apprend à manier les armes. Ca tombe bien, le petit camp est attaqué et le père est blessé. Balian est par après fait chevalier tout juste avant que son gentil papa ne décède de ses blessures. Par après, notre jeune héros prend un bateau qui, manque de pot, sombre. On ne sait trop comment il survit mais en tout cas, il est le seul à se relever sur la plage. Par chance, un cheval a également survécu au naufrage. Il retrouve le Roi à Jérusalem et il peut, en plus, prendre possession des terres qui appartenaient à son père. Wouaw! Quel destin! Et tout ça en même pas trente minutes de film alors que celui-ci dure plus de deux heures. Un peu léger, un peu trop rapide, en d'autres termes, une introduction au récit qui est totalement bâclée. Par après, il faut bien avouer que le scénario reste assez classique mais pour une oeuvre de ce type, c'est plutôt normal. Non, le plus intéressant dans le script reste quand même cette volonté des scénaristes et du réalisateur de prendre à parti le danger que représentent les religions. Ou plutôt l'extrémisme religieux qui est à la base, pour Scott et ses compères, de toutes les dérives du monde. On voit clairement que pour eux, les Croisades ont surtout eus comme résultat le pillage, les meurtres, les batailles sanglantes et tout ça au nom de la religion. L'acquisition des richesses d'un autre peuple qui se fait au nom de la religion, qu'elle soit catholique ou musulmane dans ce cas-ci. Pour un blockbuster de ce genre, c'est plutôt pas mal de tenter de faire passer un petit message de ce type. D'autant que ça rehausse quelque peu la qualité du film et essentiellement de son scénario.
D'autres bons points sont à souligner dans l'oeuvre de Ridley Scott. Tout d'abord, la mise en scène du réalisateur est excellente, nerveuse lors des combats (mémorable prise de Jérusalem) et les effets spéciaux sont assez impressionnants. Enfin, on est assez séduit par la musique signée Harry Gregson-Williams.
On regrettera donc que cette version cinéma n'ait pas livré tout le potentiel que le film de Scott détenait. La version director's cut semble vraiment plus appropriée et plus longue d'une demi-heure, devrait effacer les défauts scénaristiques présents au début de l'oeuvre, même si cela n'effacera pas les performances médiocres des deux acteurs principaux. En attendant, il n'y a pas de honte à le dire, le film de Scott possède des qualités indéniables qui font qu'il peut s'apprécier sans problèmes...